Brain Failure › American dreamer

Voici 5 ans, je regardais une émission musicale sur Arte. Le thème ? La scène chinoise, avec des techno parties sur la Grande Muraille, des boutiques skate, des aperçus de gothic rock, de neo metal...Au milieu de ce maelstrom d'énergies neuves et revendicatrices, un quatuor de punks sympathiques et drôles, l'un des premiers combos du genre à arborer iroquois et cuirs cloutés, les Brain Failure. 'Ils ne faisaient pas grand chose' disaient-ils mais ils auraient 'souhaité sortir un cd quand même'. Vu le bordel sonore qui se dégageait de leur local de répétition, ce genre de prétention avait de quoi faire sourire. Ayant reçu un lecteur VHS récemment, voilà que je me repasse l'émission et soudain...doute...et si ? Hop, taper sur le net...Brain Failure...Nom d'un dragon ! Ils l'ont fait, ils ont un site, un contrat avec un label américain et l'ont sortie, cette galette (c'est même la seconde !). Deuxième surprise, si le titre en est 'American Dreamer', c'est plutôt du côté d'un punk old school british qu'il faut chercher les influences. Les Sex Pistols bien entendu mais également les Clash car nos lascars ont plutôt bien potassé leur sujet. Rien de bordélique dans cette musique, la production est bonne, les compos pas forcément originales mais soignées et les atmosphères variées. Si plusieurs chansons fleurent bon une énergie à la Pistols ou les Ramones ('Fun and fight tonight', 'Stay free', 'Hangout tonight'...), nos Chinois n'hésitent pas à fleurter avec des atmosphères plus mélodiques, presques mélancoliques, légèrement ska ('Such a dangerous', 'Second hand pogo') qui ne sont pas sans évoquer des échos du Clash; d'ailleurs, le timbre du chanteur n'est pas si éloigné de celui de Joe Strummer. 'American dreamer' sonne donc très occidental et c'est en vain qu'on y cherchera quelque chose de typiquement asiatique. Rien de révolutionnaire (sans mauvais jeu de mot) non plus mais quand on connaît les difficultés que rencontre encore ce genre de musique (certains clubs sont fermés car attirant plus de deux cent personnes, chiffre jugé excessif pour les autorités) et le peu de chance d'insertion sociale que représentent pour nos keupons l'audace d'afficher ouvertement leurs convictions, on comprend mieux l'intérêt de leur démarche. Mais la persévérance, ça paie, les Brain Failures ont travaillé leur son, tourné dans toute la Chine et constituent déjà un exemple pour les plus jeunes. Quand j'y pense, c'est un beau pied-de-nez à Mao, continuez ainsi les gars !