Vous êtes ici › Les groupes / artistesSKlaus Schulze › Inter*Face

Klaus Schulze › Inter*Face

6 titres - 75:18 min

  • On the Edge| 7:58
  • Colours in the Darkness| 9:12
  • The Beat Planante| 7:24
  • Inter*Face| 24:49
  • The Real Colours in the Darkness (Bonus Track)| 12:02
  • Nichtarische Arie (Bonus Track)| 13:47

informations

Enregistré entre Juillet & Aout 1985, Hambühren

line up

Klaus Schulze (synthétiseur numérique, claviers, fairlight et effets), Ulli Schober: Percussions

chronique

  • musique Électronique berlin school prog.

Paru en 1985, “Inter*Face” est considéré comme étant le pire album réalisé durant la période numérique de Klaus Schulze (1980-1988) et comme un des pires dans sa discographie au côté de Le Moulin de Daudet. Mettons que ça part mal une chronique, parce que moi je pense le contraire. J'ai toujours considéré “Inter*Face” comme l'une des plus belles folies de Schulze où des restants de Angst et Dziekuje Poland flottent dans un tumulte que seul Klaus Schulze peut aisément harmoniser. Revisited Records nous représente cette intense œuvre oubliée avec un beau livret explicatif et 2 titres en prime qui, si ne sont pas à tout casser, valent la peine.
Et ça commence avec "On the Edge" qui démarre avec de lourdes strates orchestrales déchirant une ambiance cathédralesque et flottant sur les pulsations d'une batterie stoïque dont les battements linéaires trébuchent en une approche de funky rock. Le rythme est pilonné par ces frappes de batterie et une ligne de basse aux accords qui roucoulent sur les harmonies planantes des strates orchestrales alors que "On the Edge" embrasse le funk de Phil Collins avec des souffles de trompettes aux souffles saccadés à la Earth,Wind and Fire. Disons que ça déroute mais c'est Noël en été avec des clochettes qui agrémentent une approche festive alors que derrière tout ce rythme de ghetto accrocheur se profile les notes d'un piano méditatif qui plonge l'auditeur dans un autre registre musical aux doux parfums anthologique. Et comme il n'y a jamais rien de vraiment coulé dans le béton avec Sieur Schulze, des percussions, genre congas, ajoutent à l'ambigüité d'une structure de rythme dont la constante évolution est tiraillée par des éléments sonores qui en morcellent la prémisse, si prémisse il y avait. Et diantre que j'aime ces violons aux ailes flottantes qui caressent un rythme insoumis! De lointaines sirènes sphéroïdales percent le silence pour introduire "Colours In The Darkness"; un titre fou qui coule dans la paranoïa d'un synthé et de son vocabulaire synthétisé où Angst et Dziekuje Poland épandent leurs cendres. Quoiqu'incisif, le tempo reste brouillon et court sur de lentes strates traînassantes d'un synthé qui se mute en cello vampirique. Des percussions et des glockenspiels nourrissent une structure rythmique schizophrénique où d'énormes strates symphoniques ajoutent une dimension harmonieuse à un titre qui aurait dû aller nulle part. Du grand Schulze. À la limite du funk et du groove, "The Beat Planante" offre une structure de rythme ambiant qui ressemble étrangement à une ballade cahoteuse d'un cowboy où percussions de bois, genre sabots, font du tic-tac sur le tapis de brume irisée d'un synthé qui inonde nos oreilles de souffles de spectres nasillards. C'est très relaxe, et ce même si les percussions alourdissent l'ambiance au fil des dernières minutes.
Craché par le tumulte, la pièce titre est du Schulze comme j'aime. Une douce ligne de séquence basse nourri furtivement un rythme qui se fait damner le pion par une autre ligne de séquences plus limpides. On dirait du Body Love version 1985. Les synthés crachent des ambiances apocalyptiques et des solos vampiriques qui se meuvent avec une étrange sensualité. Et les ambiances se lestent avec des strates babéliennes qui mugissent sous de gros roulements de grosses caisses, traçant un parcours hallucinatoire qui s'amplifie avec des arpèges scintillant dans des souffles argentés. "Inter*Face" plonge dans un lancinant lento où des strates hachurées flottent de leurs saccades philarmoniques sur des frappes de percussions devenues plus rock qu'aléatoire. Le rythme est lourd et Klaus Schulze joue avec ses ambiances spectrales tout en contrôlant une approche rythmique dont le ton minimaliste accentue la démence des harmonies évasives. C'est un beau 25 minutes d'ensorcellement où le Maestro construit sa toile Daliesque avec des grosses caisses qui tonnent et roulent avec fureur sous les lents mouvements des strates philarmoniques et des solos vampiriques qui sifflent sous une nuée de tonalités cosmiques uniques à la signature de Schulze. Incroyablement délicieux! Selon l'histoire; "The Real Colours in the Darkness" aurait dû se retrouver sur le pressage original à la place de "Colours In The Darkness". Il y a eu un mélange à l'époque et Schulze nous la représente sous forme de bonus. Faut dire tout de suite en partant que ce titre n'a rien à voir avec le tempétueux funk de "Colours in the Darkness". Bien au contraire, c'est un beau titre très éthéré, une fois l'intro passée, qui dévoile tout le côté romanesque et rêveur de Schulze. Les beaux arrangements insufflent une passion unique à l'univers de Schulze avec une ligne de basse ondulante, des chœurs mystiques qui appellent aux plaisirs spirituels et des strates multi soniques qui rend anémique tous ceux qui veulent imiter la pensée de Schulze. J'aime beaucoup et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec ses œuvres de la période Body Love. "Nichtarische Arie (A Not So Hidden Track)" nous amène vers un autre registre musical de Klaus Schulze. C'est une version étirée du maxi single Macksy paru plus tôt en 1985. C'est un petit disco, ou synth-pop, à la Gerogio Moroder. Si les percussions sont géniales; la voix, le beat et les séquences sont assez ordinaires.
Qu'on me laisse tranquille en disant que Schulze s'est égaré de son style original! On le sait depuis 1980. Par contre, Schulze est le seul à faire une symbiose aussi parfaite entre sa période analogue et digitale. Pensons juste à Tangerine Dream ou Jean Michel Jarre. “Inter*Face” est un album génial dont la complexité n'a pas à rougir de ses rythmes et harmonies aussi compulsives que magnétisantes. Non, Schulze ne renie pas ses origines, ni ses œuvres et encore moins ses fans. Il progresse et implante à la technologie d'aujourd’hui le Schulzestyle. Faisant de sa musique un art tout à fait unique qui sera encore joué quand les enfants de nos petits enfants apprendront la musique, car Schulze est tout simplement le musicien d'une époque. J'ai rien trouvé de poison sur cet album. Tout y est. Ambiances et tonalités analogues, rythmes fous, planants et ambiants, synthés rêveurs et agressifs. Bref la combinaison idéale afin de passer un 75 minutes d'envoûtement avec le maître. Quand à cette réédition elle a le mérite de nous rappeler tout le génie qui se terrait derrière “Inter*Face”. Et en toute honnêteté, donneriez-vous 20 années d'écart entre cette édition et celle de 1985? Voilà! Vous avez tout compris.

note       Publiée le dimanche 24 décembre 2006

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Inter*Face" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Inter*Face".

    notes

    Note moyenne        7 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "Inter*Face".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Inter*Face".

    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Bon, l'introduction est rude, tant le 1er titre tient de la purge. Probablement le pire morceau que j'ai entendu de K.S. pour le moment. Puis surgit de nulle part l'excellent Colours in the Darkness, qui relève le niveau, avant de retomber avec le quelconque Beat Planante. La face B est déjà mieux foutue, avec un morceau plus typique de K.S. Inter*Face ne fait certainement pas parti des meilleurs albums, mais il reste convenable, malgré une face A assez déséquilibrée.

    Note donnée au disque :       
    Walter Smoke Envoyez un message privé àWalter Smoke

    Je ne sais pas si Krohn est sérieux, en ce qui concerne la Jubilee Edition... dans le doute, on va dire que non. Sinon, je plussoie un peu Phaedream, il faut bien connaitre au moins les albums de KS adjacents pour mieux l'appréhender. Bon, après, cela ne m'enlève pas de la tête que Inter*face reste le pire KS sorti.

    zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

    Merci de ton intervention Phaedream. De Schulze, je n'ai que "Timewind". J'ai très peu de choses en Mé ; mon jugement est peut être déconnant sur ce coup là ; mais je garde pas le disque

    Phaedream Envoyez un message privé àPhaedream
    avatar

    Je n’ai pas pu m’empêcher de m’immiscer dans la conversation. C’est un peu de ma faute si le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. J’aurais du insister sur le fait que pour apprécier réellement Inter*Face, il fallait avoir dompté les très difficiles Dziekuje Poland et Angst. Je ne connais pas les disques que tu possèdes de Schulze, mais si jamais tu as débuté par celui-ci ça peut paraître long…

    Note donnée au disque :       
    zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

    75 minutes 11 secondes .... j'ai tenu grosso modo une heure. Stop.