Broekhuis, Keller & Schonwalder › Live @ Dorfkirche Repelen

On ne sait jamais à quoi s’attendre avec Broekhuis, Keller et Schonwalder. Le trio aime surprendre et étonner. C’est dans un univers austère d’une cathédrale aux dimensions intimistes qu’il donne un étrange rendez-vous musical à ses fidèles. Étrange, parce qu’inaccoutumé, car encore une fois Broekhuis, Keller et Schonwalder réussissent à charmer nos sens avec une musique finement élaborée, pour le plaisir de nos oreilles.
Un piano mélancolique, couvert d’un chœur discret à la Vangelis, ouvre le subliminal The Beginning. Mélodieuses et passionnantes, les notes fluent avec tendresse sur un doux mouvement empreint de caresses invisibles aux souffles romantiques. Une séquence aux pulsations basses traverse cette chorale virtuelle qu’un piano serpentin agrémente d’une ligne harmonieuse. Le tempo s’anime un peu plus sur des percussions aléatoires, dans le style Schulze, alors qu’une 2ième séquence émerge insufflant plus de profondeur aux pulsations en place avec la sonorité d’un tabla électronique. Superbement mélodieux, The Beginning croise les souffles mélancoliques d’une superbe guitare acoustique et d’un violon affligé, qui nous transpercent le cœur à chaque glissement d’archet. Une douce pièce qui ouvre un opus tendre et mélodieux avec justesse.
Une douce guitare au refrain minimaliste compose la structure de Caravan of the Melancholy. Fluide et légèrement rythmé, le tempo est soutenu par d’étranges effets sonores qui attirent l’ouïe. Graduellement, le titre amplifie sa mesure avec un synthé qui se contorsionne sur d’intrigantes lamentations alors que le violon l’accompagne dans ce délire louvoyant. La guitare caresse nos oreilles de somptueux accords, dans ce passage où synthé et violon virevoltent comme deux amoureux en transis. Walking nous fait découvrir les talents de Raughi Ebert aux guitares acoustiques. Sur un tempo aux mouvements pilonnés de tendresse, Ebert pince ses cordes avec une sensibilité débordante qu’un synthé entoure d’une profondeur orchestrale, joint par un violon larmoyant. Un genre de western Mexicain spatial. Assez étonnant comme résultat.
Une superbe séquence limpide ondule dans un silence lourd. Des tablas brisent cette sérénité sur un rythme qui prend forme avec des pulsations bougonnantes. Magic Pure tournoie dans cette atmosphère frivole où les tablas font danser les cordes d’un violon austère qui vrille dans un tourbillon sonore où; synthé, piano, sitar électrique et autres effets sonores virevoltent avec frénésie. Une soyeuse guitare acoustique, ‘’style bleusy‘’ ouvre The Diminished Song. Aussi agile que Steve Howe, Raughi Ebert étonne par sa virtuosité. Le violon de Thomas Kagermann encercle les cordes de Ebert qui sont pincées avec résonance. Et, lorsque le synthé couvre ce mouvement avec la tendresse de ses strates, on est subjugué par la tendresse de The Diminished Song. Autant The Beginning était une superbe ouverture, autant The Diminished Song est une superbe clôture.
Ce cd contient un fichier en prime où des photos de ce concert peuvent être visionné sur un pc. Une excellente initiative qui contrôle le piratage, puisque Detlef Keller et Raughi Ebert ont composé une pièce inédite, Visual, qui va superbement bien avec l’atmosphère de Live @ Dorfkirche Repelen. Un superbe titre sur une séquence moulante, un tempo sensuel et une guitare à la Pink Floyd… Tout simplement génial.
Pour moi, Live @ Dorfkirche Repelen est un petit coup de génie réussi par Broekhuis, Keller & Schonwalder et leurs amis; Raughi Ebert et Thomas Kagermann. Un opus superbement mélodieux sur les rythmes hypnotiques de la Berlin School, aux couloirs aléatoires et truffés de surprises musicales qui étonnent et charment, tant par la profondeur que l’impact qui en découle. Un Berlin School aromatisé aux effluves acoustiques. À se procurer sans faute chez Manikin Records.