Nortt › Gudsforladt

La pluie tombe doucement, le tonerre gronde au loin, de douces nappes angoissantes déchirent le ciel, et les cloches terribles d'une funeste agonie dessinent notre destin. Bienvenue chez Nortt, bienvenue dans un monde ou la lumière n'a pas de place, ou mourrir est un lieu commun et ou toute beauté se retrouve grimmé en immondices... Nortt avec ce deuxième album porte à son sommet ce style unique que ce one-man-band s'est forgé, une sorte de funeral doom blackisé, d'une noirceur et d'un nihilisme réllement prenant. Batterie ultra simpliste et lentissime, guitares saturées à l'extrême sonnant comme autant de couteaux déchirant vos tympans (attention, nous sommes loin du true black, tout est très audible), claviers en nappes simple et dérangeant, "chants" comme autant de régurgitations blasés de toute joie, Nortt s'est forgé une identité unique, un style quasi nouveau dans le genre extrême doom, une musique partant d'une base metal pour proposer un doom quasi ambient et hautement dépressif. A vrai dire, Nortt montre une capacité à noircir le ciel et les pensées avec une rapidité tout à fait hallucinante. Ce minimalisme ambiant, ces riffs en harmonies claviers/guitares rythmiques, ces chants réverbérés comme autant d'échos abyssaux, ces compos lentissimes comme de longues complaintes désolées, tout est mis en place pour glacer le sang et prendre votre attention. Etonnant quand on constate l'effroyable répétitivité de l'ensemble, son rythme binaire tout du long, et la naïveté de certains riffs (le piano notamment). Et pourtant, on marche, on court même, et on se surprend à se ressasser les idées les plus noires. Ces plans si bateaux, si ridicules de simplicité, Nortt sait les rendre obscurs, épais (le son est unique), prenant, comme si l'on avançait apeuré dans un cauchemar embrûmé, avec cet album pour guide. "Gudsforladt" est un disque qui glace le sang, d'un glauque sans pareil, d'un jusqu'au boutisme forcené, voici donc une rélle ode à la noirceur, abordé différemment, le digne rejeton d'un mariage improbable entre le plus obscur des funeral doom et le plus malsain des black metal... Définitivement à entendre au moins une fois.