Sotos n'aura vécu que deux lunes et voici que renaît de leurs cendres Zaar. Rien de surprenant donc si on y retrouve les frères Michael et Yan Hazera. Mais entre "Platypus" et cette nouvelle offrande, le changement se veut à la fois subtil et profond. On change de nom, on remet de l’ordre dans tout ça, mais on reste quand même en famille, en faisant appel, une fois de plus, à l’excellent Bob Drake - décidément reconverti en faire-valoir des formations progressives hexagonales (Nebelnest) - et qui met tout son talent de producteur à contribution pour donner du relief à ce disque aux vibrations organiques. Le vrai coup de génie du disque, c’est la vielle à roue de Cosia, remplaçant de facto le violon de Nadia Leclerc, au-delà de toute espérance. Elle illumine chaque titre, tout en endossant rarement sa sonorité naturelle. Ce jeu permanent sur les timbres brouille les pistes et fait tour à tour évoluer Zaar aux côtés de mille et un intervenants imaginaires (violon, violoncelle, clavier électrique), tous générés à partir de cet instrument traditionnel, pas si dépassé que ça finalement, et loin de l’imagerie médiévale qui lui colle d’habitude à la peau. La filiation zeuhl perdure ici encore et toujours (Pairbon se montrant aussi redoutable, si pas plus, que leur ancien bassiste Bruno Camide), franchissant peut-être un palier supplémentaire au niveau du rendu proprement dit. Cela va de "Sefir", monumentale pièce de vingt minutes, qui, sans posséder la limpidité linéaire d’un "Köhntarkösz", n’en possède pas moins son incroyable puissance, à "Omk", autre grand moment de l’album. Mais les plages plus courtes, plus aptes à faire découvrir d’autres facettes de ce Zaar finalement bien étonnant, ne servent en aucun cas de bouche-trous puisque vont se loger, là aussi, de grands moments d’émotions. Si cet excellent premier disque de Zaar a su redonner de l'espoir à tout ceux qui croyaient dur comme fer en Sotos, le destin bien tumultueux des frères Hazera en aura, une fois encore, décidé autrement puisqu'il s'agit là aussi et déjà de leur dernier ! Un grand vide s'ouvre désormais qui, je l'espère, sera comblé assez vite.