Adam Bownik Certamen › The Storm is Here

Certamen, un synthésiste polonais que nous avons découvert avec l’excellent Earth, nous présente un autre titre, de son impressionnant catalogue. Dans la même foulée que Earth et I Awake in a Dreams, The Storm is Here est un opus qui respecte et dépasse les limites de la Berlin School rétro. Si Rainbow est une douce berceuse aux chœurs spectraux, soufflée par un synthé nébuleux, et croisée par un doux piano. Il en va tout autrement des deux autres titres, The Storm is Here et Ozone Zone. La pièce titre débute sur un bel intro flottant, un peu à la Body Love de Schulze, où les chœurs se mêlent aux souffles d’un synthé plaintif. Une légère pulsation perce ce vent statique, et The Storm is Here prend forme. Fidèle à sa marque, Certamen pousse des solos de synthé soyeux et aigus qui flottent dans cet univers ambiant qui allie une fine ligne basse à des percussions éparses. Ces dernières se mettent à rouler et discorder, un peu comme une machine déréglée. Cet insolite amalgame amène une étrange symphonie de percussions, telle une tempête, où les éléments sonores papillonnent, traquées dans l’œil d’un cyclone. Un superbe moment qui démontre l’ingéniosité de Certamen à manier les percussions électroniques. Un gros synthé bourdonnant traverse cet orage et modifie le cours de la tempête. Une solide séquence basse, des notes sèches, des fulgurants solos de synthé coordonnent un rythme puissant qui galope à un train d’enfer. Toujours mue par des séquences débridées, le titre dévie aux grés et fantaisie de Certamen qui utilise le ‘’vocoder’’ pour annoncer la tempête et ses nombreux changements de caps. Un titre puissant où Certamen nous inonde de furieux et puissants solos de synthé, ainsi que de superbes percussions qui marquent et martèlent avec acuité. Rarement, j’ai entendu un titre d’une telle longueur et d’une telle structure frapper avec autant d’intensité, autant d’éclats. J’en suis encore abasourdi, et faites-vous plaisir, jouer ça à haut volume. La peinture risque de décoller seul. Ozone Zone possède un lent départ atmosphérique. Graduellement, une fine pulsation s’intègre aux éléments atmosphériques, créant une synergie avec les chœurs ectoplasmes. Le rythme devient plus constant et s’appuie sur une bonne séquence, ronde et juteuse. Le synthé virevolte et souffle de doux solos, aux couleurs de suaves soupirs et emprunte les douces couleurs arabesques du Moyen Orient. Certamen est à l’aise avec les longs titres. Tel un artiste, il peint sa musique avec imagination et un brin de folie. La pièce éponyme est ahurissante. Trente minutes de folies explosives d’une rare puissance. Encore une fois, le synthésiste polonais étonne par l’agencement et la profondeur de ses compositions. De la Musique Électronique Berlin School progressive, fort bien structurer aux nombreux passages sinueux. Vous pensez Berlin School? Vous pensez progressif? The Storm is Here vous est tout désigné.