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Steve Reich (b.1936) › Early works : Come out / Piano phase / Clapping music / It's gonna rain

5 titres - 56:26 min

  • 1/ Come out (12:54)
  • 2/ Piano phase (20:26)
  • 3/ Clapping music (4:39)
  • 4 et 5/ It's gonna rain (17:31)

informations

"Piano phase" et "Clapping music" : RCA Studio A, New-York City, Etats-Unis, respectivement en mai 1986 et mai 1987.

line up

Steve Reich (réalisation sonore, clap sur "Clapping music"), Nurit Tilles, Edmund Niemann (pianos sur "Piano phase"), Russ Hartenberger (clap sur "Clapping music").

chronique

Les travaux de jeunesse de Steve Reich sont passionnants à plus d'un titre. Tout d'abord, ils portent en germe tous les procédés qui seront mis en oeuvre dans ses futurs opus. Ensuite, outre l'intérêt "archéologique" qu'on peut leur porter, ils sont dotés d'un véritable pouvoir d'hypnose et de fascination, qui n'appartient qu'à eux. Enfin et surtout, c'est avec ces travaux que l'on prend le mieux conscience de l'influence déterminante que l'oeuvre de Steve Reich a pu exercer sur toutes les musiques électroniques basées elles aussi sur la répétition et sur l'effet de transe, sur les battements métronomiques ultra-rapides et le matraquage régulier d'un échantillon sonore, sous-bassement du morceau. À partir de 1965, les recherches du compositeur américain sont en effet axées sur l'effet obtenu à partir du déphasage graduel de deux bandes qui passent chacune en boucle un même échantillon sonore très bref. Ainsi, dans "Come out" (1966), un jeune homme ayant pris part à une émeute à Harlem, blessé, doit montrer une de ses plaies aux policiers pour être emmené à l'hôpital et témoigne ensuite lors de son procès, sa phrase se terminant par "...come out to show them", extrait monté en boucle par le compositeur, laquelle boucle est entendue d'abord à l'unison de part et d'autre de la stéréo, puis un décalage s'opère progressivement, laissant la place à deux voix disctinctes. Dans le même temps, une réverbération plus forte apparaît. Au fil des douze minutes, c'est bientôt quatre voix puis huit que l'on pourra distinguer. "It's gonna rain" (1965) est fondée sur le même principe, à ceci près que l'extrait sonore est plus long et change en cours de route, ce qui crée une impression globale encore plus envoûtante et hypnotisante. Car cette voix humaine qui, détournée ainsi, produit bientôt un canon ultra-complexe, un rythme, des harmoniques propres, possède indéniablement le pouvoir d'entraîner l'auditeur dans un état second. "Different trains" réutilisera d'une autre manière des témoignages authentiques "musicalisés" et faits prisonniers des structures que le compositeur leur impose ; de même dans la fascinante partie centrale de "City life", avec des instruments joués live qui s'inviteront pour renforcer les harmoniques. Puis les voix échantillonées seront elles aussi remplacées par de "vraies" voix dans "Desert music" et dans "Tehillim". Les déphasages graduels prendront également plus d'ampleur avec "Music for 18 musicians". Mais l'essentiel est déjà là ; et je dirais même que l'utilisation de bandes rapproche ces essais, par leur caractère agressif nous entraînant aux frontières du chaos, d'une sorte de techno hardcore avant la lettre (la fin de "It's gonna rain" est vraiment terrible). "Piano phase" (1967) reprend la technique du déphasage avec deux pianos jouant en direct - un son qui sera amplifié et développé avec "Six pianos" et "Music for 18 musicians". Quant à "Clapping music" (1972), son économie de moyens (Russ Hartenberger et Steve Reich qui tapent des mains !) dans la mise en oeuvre d'un procédé similaire, renforce encore la perception que l'on peut avoir d'une extraordinaire complexité rythmique, et annonce déjà les lignes de percussion de "Tehillim". Bref, il ne manquera plus à Steve Reich, après ces premiers essais déterminants, qu'à aller faire un petit saut en Afrique de l'Ouest pour définitivement trouver ses marques. Mais la révolution est déjà en marche et rien ne pourra l'arrêter. Un disque essentiel.

note       Publiée le mercredi 19 avril 2006

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    commentaires

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    Møjo Envoyez un message privé àMøjo

    Piano Phase excepté, c'est tout de même rudement indigeste. Expérimental pour sûr, intéressant sans doute, passionnant j'aurais plus de réserves. Pour ma part, plutôt content d'avoir eu l'occasion d'y jeter une oreille, mais ça n'ira pas plus loin.

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    C'est peut-être aller un peu vite en besogne cher ellington ! Comme d'habitude, excellente chronique du regretté Trimalcion.

    ellington Envoyez un message privé àellington

    Pour reprendre l'expression de mon excellent collègue heirophant : gros caca beurk.

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