Bonnie 'Prince' Billy › Master and everyone

Will Oldham est dans la hype, Will Oldham ("Guillaume Vieuxjambon") est devenu une star. A présent, on lui fait des CDs hommages ; il grave, outre ses habituels recyclages d'anciens morceaux via une livraison régulière d'EPs, des lives et des compilations, des albums de reprises avec Tortoise, bref rien de bien folichon - et rien de réellement nouveau surtout. Pourtant, la beauté irradiante de ses chansons vient régulièrement nous rappeler qu'il reste un maître. Les complaintes tristes et dépouillées de ce disque, pesantes, comme délivrées au pavillon de l'oreille par cette voix fragile, soutenue ici par une voix féminine, avec des guitares acoustiques dont les échos envahissants bourdonnent comme jamais autour d'une basse ronde, semblent toutes forgées sur un unique et inaltérable modèle : dix chansons et autant de variations, de modulations graves à partir d'un motif se répétant inlassablement. Etrange disque, donc : un OVNI folk d'une sécheresse grandiose (pas de batterie sur ce disque) qui prétendrait vous ensorceler comme un mantra dans une prière de dix strophes. Des sonorités allogènes émergent parfois, des distorsions, des échos incongrus ; on ne les remarquera qu'en écoutant cette musique au plus près, tant elle semble vouloir parler à l'inconscient, à l'intimité la plus profonde de chacun. Certains y verront peut-être le chef-d'oeuvre de Will Oldham. Toujours est-il que Bonnie "Prince" Billy (un pseudonyme choisi pour faire plaisir à sa mère...) continue à chercher sa voie vers l'Essentiel.