Endstille › Navigator

Sans forcer le trait du son et de la vitesse à outrance, Endstille ourdit un black metal des plus noirs et dévastateurs. Rythmiques solides, son crade et puissant, une gorge haineuse et violente habillent des accords noirs et lourds : Endstille travaille dans les graves, dans la masse, plus soucieux de désespoir douloureux que de cimetières enneigés. Enraciné dans le true black metal de tradition, les allemands y rajoutent une pincée suffisante de technique pour affiner leurs effets de petits détails qui tuent : le jeu en drive du batteur en est un exemple parmi d'autres. La succession des harmonies épaisses agit comme un ensevelissement progressif, on passe du mid au blast comme on se ferait emporter dans la tourmente; abruti sous le poids des guitares et lardé de coups de caisse claire. Mais là où le quatuor se distingue réellement des autres formations allemandes du genre, c'est dans son penchant pour la tristesse et les lueurs du désespoir. Des crises de rage et de larmes comme les démarrages en trombes d'eau de "Above the vault..." ou "Monotus II" qui déroulent leurs accords dramatiques sur blasts déchainés ne laissent aucun doute sur la dimension dépressive de la musique d'Endstille. Même si le black de genre ne produit plus de chef-d'oeuvre qu'en de très très rares exceptions, "Navigator" est un album plus que convainquant qui ne montre ni faiblesse ni faute de goût. Le remarquable investissement d'Iblis aux vocaux, qui souffle et hurle comme un véritable damné revenu des enfers pour nous détruite la tronche, le sens du juste riff, des harmonies souffrantes, un son hargneux et noir à l'effet imparable... écoutez "Bastard", et laissez vous emplir de cette douleur vengeresse qui fait aimer l'horreur.