Animus Herilis › Recipere ferum

"L'art noir n'a pas spécialement besoin d'évolution, mais de sincérité". Nous voilà prévenus. Animus Herilis, de fait, ne fait pas partie de la frange la plus avant-gardiste du black metal. Tradition, riffs et plombs norvégiens en alternance avec le furieux blizzard suédois, "Recipere Ferum" a néanmoins le mérite d'une petite patte mélodique et harmonique à la fois sensible et particulière. Le thème principal de "L'autre monde" ouvre l'album sur cette constatation : les français donnent de l'importance à la définition de leurs accords qui flirtent aussi bien avec la tristesse qu'avec une forme de luminosité blafarde et séduisante. On les sent plus soucieux de trouver des harmonies qui leur plaisent que des harmonies "qui font méchant", et c'est tout compte fait assez rare pour être souligné. "Mortifere signum" incarne parfaitement cette couleur : un mélange de violence, de noirceur et de mélancolie. Le bassiste effectue avec la guitare un excellent travail de densité, bien servi par un mix en avant. Pour le reste c'est du classique : blasts, voix qui crache, guitares à toute allure et son dégueu. Le quatuor privilégie le plus souvent la vitesse et le deferlement à l'image d'une tempête de glace, s'incrivant dans la lignée des "Nord" et autres références suédoises hivernales. Entre de bons professeurs et une identité mélodique naissante on pourrait espèrer une découverte : malheureusement ce premier album manque d'une véritable force, d'une aura... il manque d'épaules. Les compositions ne sont pas seules responsables : de nombreux riffs fonctionnent et les dynamiques sont plutôt bien gérées. Mais entre un son à la fois trop banal et maigre, une tendance mélodique qui ne fait pour l'instant que se profiler (malgré les 12 années d'existence du groupe) et, gageons-le, une tendance à se satisfaire de choses "qui fonctionnent" là où il aurait été souhaitable de surprendre, Animus Herilis ne tire que partiellement son épingle du jeu et ne réussit pour l'instant qu'à nous convaincre de sa totale légitimité. Ce qui, tout bien considéré, est déjà énorme.