Moonblood › Siegfried Die Sage Vom Helden

Moonblood reprend les hostilités là où il les avait laissées, avec une sixième démo un peu plus aboutie que la précédente. L’inspiration est en effet légèrement meilleure, et la dynamique, plus et mieux travaillée. Le son, en revanche, est ici beaucoup plus misérable que sur « Winter Falls Over The Land ». Démarche que l’on peut supposer volontaire, car cela apporte un surcroît de raideur et de froidure au climat général. Une surenchère dans la true evil attitude qui implique désormais de tendre l’oreille pour reconnaître chaque pattern de batterie (pour les breaks, laissez carrément tomber) et les notes de chaque lead et chaque rythmique. Ce que l’ambiance gagne ainsi en primitivité, en animalité, en crudité et en âcreté, elle le perd en termes d’impact, de puissance et de brutalité ; à cet égard, on peut regretter que d’excellents riffs ne se trouvent pas aussi bien mis en valeur qu’ils auraient pu l’être avec une production à peu près normale (ou avec une production tout court, en fait). D’autant plus que le mixage (si tant est qu’il y en ait eu un) parvient – c’est un comble – à bafouer une règle d’or du style : la voix est trop, beaucoup trop en avant. Seulement voilà, au lieu de nuire à l’expression du groupe, ces choix contribuent à épaissir l’ambiance déjà très profonde dégagée par la musique ; l’expression du chaos, de la dépravation, du dégoût (la voix très en avant apporte un conséquent surcroît de maniaque agressivité) s’en trouve renforcée. Et il n’y a vraiment que le black pour se permettre de changer à ce point des tares en atouts ; c’est là que la true evil attitude – aussi kitsch puisse-t-elle paraître – a du bon, il faut l’admettre. Dès le début de la démo, on a droit à une terrible cavalcade heavy metal, passablement rock n’roll ; l’excellent riff, martial et imposant, qui est à la base de « Der Kampf Mit Dem Lindwurm » est d’une imparable évidence ; « Nibelungenhort » repose sur un riff qui s’inscrit dans la même veine, mais de moindre efficacité : le morceau peine à décoller et constitue le ventre mou de la démo ; « Brunhilds Eroberung », après un début poussif, éclate d’une noire majesté et d’une vicieuse élégance, avant que « Der Verrat », avec ses superbes riffs eux aussi éminemment guerriers, ne vienne terminer l’affaire en beauté. Un black metal de haut vol, à la fois violemment barbare et terriblement sépulcral, dont les défauts (une certaine inconstance dans l’inspiration et dans la dynamique) ne parviennent pas à altérer la pureté de l’ambiance.