Xiv Dark Centuries › Jul

Les Allemands de XIV Dark Centuries officient dans un black viking pour le moins rafraîchissant, à la croisée d’influences heavy/speed et folk/médiévales, qu’ils désignent du terme de « metal païen de Thuringe ». Dénomination amusante (surtout avec les références à... la Scandinavie que sont le marteau de Thor et le nom même de Jul) pour une musique qui laisse poindre un beau potentiel mais qui manque par trop de personnalité. C’est enthousiaste, gaillard, enlevé, plein d’un juvénile entrain, mais aussi, hélas et surtout, d’une naïveté par moments désarmante. « Auf Zur Schlacht » est une excellente cavalcade heavy, épique et aux leads classieux, dotée d’un excellent break. Mais déjà, l’intervention de la voix claire pèche par affectation. L’intro de « Bragarful », avec son ch’tiot flûtiau médiéval et son chant clair, commence à sentir un chouïa la parodie : c’est joli mais un peu niais. Heureusement l’ambiance décolle sans problème dès que déboulent grattes, batteuse et voix black. Même topo avec « Julenzeit » : après une intro acoustique aussi charmante que naïve, le thème est repris avec une parfaite efficacité, la lead déroule des riffs superbes, la rythmique la joue martiale bon teint, et la voix claire, pour cette fois, parvient à ne rien gâcher. « Rauhnaechte », après une intro (au synthé) encore plus engoncée, décline une ambiance toujours aussi épique mais ce coup-ci trop proche de l’affectation, un peu comme si les gars se contentaient d’appliquer la même recette sans se demander si ça ne frisait pas parfois un tantinet la caricature. L’extro confirme cette impression, dans le domaine que nos joyeux Teutons maîtrisent manifestement le moins : la ballade acoustique médiévalisante. Encore une fois, c’est bien joli, c’est mimi tout plein – aussi facile et convenue que puisse être la mélodie –, mais alors, misère, cette voix claire... cette voix compassée au possible d’un gars qui se régale à surjouer le paladin médiéval... là oui, on touche à la parodie, et ceux qui, par exemple, se sont gaussés des tentatives troubadouresques les moins réussies du premier Stille Volk, vont pouvoir se fendre la gueule pour pas cher. En résumé : un heavy/black folk (beaucoup plus heavy que black, d’ailleurs, dans une veine speed à l’allemande pur sucre) bien maîtrisé et relativement inspiré, mais qui ne parvient jamais à s’affranchir de la banalité et qui se fourvoie gauchement dans chacune de ses velléités folk/médiévales. C’est dommage – mais il y a néanmoins là quelques belles promesses qui ne demandent qu’à être tenues. Affaire à suivre, en somme.