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Michel Chion (b. 1947) › Requiem

  • 1993 • Imed 9312 • 1 CD

12 titres - 70:07 min

  • REQUIEM (37:16)
  • I
  • 1/ Requiem aeternam (5:32)
  • 2/ Kyrie eleïson (1:37)
  • 3/ Epître (1:12)
  • 4/ Dies irae (6:00)
  • 5/ Domine deus (1:53)
  • 6/ Evangile (3:28)
  • II
  • 7/ Sanctus (2:29)
  • 8/ Pater noster-Agnus dei (2:17)
  • 9/ Lux aeterna (1:39)
  • 10/ Libera me (10:37)
  • 11/ VARIATIONS (10:02)
  • 12/ NUIT NOIRE (22:14)

informations

GRM, Paris, France, 1973.

Sur ce disque, le Requiem est suivi de deux pièces postérieures, non chroniquées ici : "Variations" (1990) et "Nuit noire" (1979-85)

line up

Michel Chion (réalisation sonore).

chronique

Le requiem, messe pour le repos des morts faisant partie de la liturgie catholique, est devenu, depuis Mozart, un genre musical à part entière, souvent totalement détaché des rites ou des croyances religieuses qui étaient traditionnellement liés à cette cérémonie. Cette forme mythifiée par des compositeurs romantiques récupérant Mozart à leur manière, aura continué d'exister au XXème siècle, histoire, en quelque sorte, de perpétuer le mythe, et surtout de proposer sous cette étiquette une musique au caractère sombre, mystique, puissant, tragique... bref, ce seul mot met l'eau à la bouche. Il fallait aussi un requiem électro-acoustique. Voici le plus célèbre. Michel Chion aura été, sinon le meilleur dans cet exercice, du moins le premier. Quoique... en se penchant un peu sur le délirant "Apocalypse de Jean" de Pierre Henry, oeuvre fondatrice s'il en est, et dans une moindre mesure sur "La divine comédie" de Bernard Parmegiani et François Bayle, on s'aperçoit que ce genre d'exercice était à la mode, et qu'on n'a pas besoin d'appeler une pièce "requiem" pour lui conférer une tonalité sombre et sacrée. Michel Chion est un compositeur français de musique concrète, disciple de Pierre Schaeffer (eh oui, comme tous les autres, et je n'ai pas encore fini...) et traumatisé par la gigantesque entreprise de démiurgie sonore de Pierre Henry (justement), Pierre Henry dont il est par ailleurs le biographe officiel ! (Un excellent livre aux éditions Fayard, que je vous conseille.) Chion s'intéressa aussi très fort aux rapports entre son et image, et fut d'ailleurs critique durant plusieurs années aux "Cahiers du cinéma". De fait, son requiem, plus encore que l'Apocalypse de Jean, fait surgir des images, se présente comme la bande-son d'un film imaginaire, suscitant une mise en scène, des personnages, des dialogues. C'est là encore une "vision", fixée pour l'éternité sur bande magnétique. Et si j'utilise souvent, par commodité, le terme de "réalisation sonore", il convient particulièrement bien ici. Toutefois, si l'influence du Henry de l'Apocalypse et de la Messe de Liverpool se fait écrasante (traitement des voix), l'oeuvre de Chion est dénuée de caractère mystique, et n'a pas sa puissance d'évocation - elle se présente plus comme un témoignage personnel, le parcours, la mémoire, les souvenirs d'un individu, dans lesquels chacun pourra ou non se retrouver. L'oeuvre prend ainsi un tour hétéroclite : les paroles du requiem sont dites tantôt par un récitant (le compositeur lui-même), tantôt par des voix hurlantes, ou bien voix au téléphone, enrouées, murmurantes, enfants maladroits, conférenciers pédants. On entend des échantillons de foules, d'incessants changements de fréquence types "trituration de bande FM" qui font passer d'un sample à un autre, d'une atmosphère recueillie à une atmosphère hystérique. La musicalité est à son comble lorsque Michel Chion parvient à tisser des motifs récurrents en virtuose, à varier ses effets au maximum ("Dies irae") ; toutefois, l'ensemble reste en deçà, je trouve, de la réputation de l'oeuvre, à cause de son aspect décousu, de son manque d'homogénéïté. A écouter quand même, ce requiem qui "a été composé en pensant moins à cette majorité silencieuse que sont les morts qu'à cette minorité agitée que sont les vivants".

note       Publiée le samedi 5 novembre 2005

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Michel Chion est enseignant aussi, à l'ESEC et à Paris III (Département Cinéma), il vient de sortir un livre sur les films de Science-Fiction et je viens de terminer un de ses ouvrages, "Le promeneur écoutant" (1993) consacré à l'art d'écouter et d'en parler, c'est d'une rare intelligence, il fut aussi pendant un temps chroniqueur aux Cahiers du Cinéma, du compositeur je ne connais pas ce "Requiem" dont j'ai souvent entendu parler, par contre j'ai en CD sa "Tentation de Saint Antoine" (d'après le très beau texte de Flaubert) que j'aime beaucoup, une belle œuvre de musique concrète construite à la main comme dans les premiers temps du Studio d'Essai, à la manière d'un épisode de l'Atelier de Création Radiophonique, un film à découvrir avec les oreilles, avec dans le rôle du récitant la voix si caractéristique de Pierre Schaeffer.

    Trimalcion Envoyez un message privé àTrimalcion
    avatar
    Il a écrit de nombreux bouquins sur la musique électro-acoustique (dont une bio de Pierre Henry donc, et un essai sur François Bayle + des essais théoriques plus généraux que je ne connais pas mais qui doivent certainement comporter des développements sur d'autres compositeurs). Il a en outre écrit plusieurs bouquins sur le cinéma (Lynch, Kubrick...)
    Slugbait Envoyez un message privé àSlugbait
    Pierre Henry, maitre absolu ? Hum c'est discutable... Sinon, c'est le meme Michel Chion qui écrit des bouquins sur Shaeffer, Ferrari et compagnie ?
    CeluiDuDehors Envoyez un message privé àCeluiDuDehors
    pompés faut peut être pas exagéré quand même...que penses tu du sampling alors?? Tout dépend de la façon de mettre en place les choses et je trouve que Chion le fait excellement bien sur ce disque! Bon sinon, on est d'accord, Pierre Henry se pose en maitre absolu dans ce domaine et je vois pas tres bien qui peut faire mieux en fait!
    Note donnée au disque :       
    Trimalcion Envoyez un message privé àTrimalcion
    avatar
    Ouais... Le problème, c que les glapissements du "Sanctus" sont pompés, précisément, sur le "Sanctus" de la "Messe de Liverpool" de Pierre Henry. Et il y aurait bien d'autres exemples à donner. Faut quand même commencer par les valeurs sûres ;-)