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The Beatles › Sgt. pepper's lonely hearts club band
- 1987 • EMI records cdp 7 46442 2 • 1 CD
cd • 13 titres
- 1Sgt pepper's lonely hearts club band
- 2With a little help from my friends
- 3Lucy in the sky with diamonds
- 4Getting better
- 5Fixing a hole
- 6She's leaving home
- 7Being for the benefit of mr kite!
- 8Within you, without you
- 9When i'm sixty-four
- 10Lovely rita
- 11Good morning good morning
- 12Sgt. pepper's lonely hearts club band (reprise)
- 13A day in the life
informations
Enregistré aux Abbey Road studios de février à mai 1967 par Geoff Emerick. Produit par George Martin.
Pour la petite histoire : Sgt Pepper's fut également le premier album de l'histoire à proposer les paroles inscrites dans la pochette intérieur du disque. Il est également, même si il ne fût pas pensé comme tel au départ, mais tout de même réalisé dans cette optique, le premier concept album du rock, il invente aussi la notion de piste cachée puisque à la fin du fade out de cordes qui conclut "A day in the life" arrivent 15 secondes d'ultra sons demandés par Lennon afin d'énerver les chiens, qui débouchent elle-mêmes sur une séquence initialement infinie vue la configuration du dernier sillon d'un disque, faite de petits délires vocaux absurdes.
line up
chronique
Bien sûr, avec le recul, on s'explique l'existence d'un tel disque en se disant qu'à l'époque, tout restait à inventer. "The Beatles insisted that everything on sgt. Pepper had to be different", raconte l'ingénieur Geoff Emerick. "So everything was either distorted, limited, heavily compressed or treated with excessive equalisation. We had microphones right down in the bells of the brass instruments and headphones turned into microphones attached to violins. We plastered vast amounts of echo onto vocals, and sent them through the circuitry of the revolving Leslie speaker inside a Hammond organ. We used giant primitive oscillators to vary the speed of instruments and vocals and we had tapes chopped to pieces and stuck together upside down and the wrong way around". Les Beatles n'ont pas seulement décidé de faire un album rock avec des tubas, accordéons, harpes, orgues de barbarie, guimbardes, cuivres, percussions absurdes, manèges, violons et violoncelles, clavecin, scie musicale, j'en passe et des meilleurs ; ils souhaitent également torturer tout ces sons, exploser les textures et les dynamiques comme ils le feront avec les guitares, la batterie et la basse, afin d'unir tout cela en une hallucinante, subtile et magistrale orgie de pop sonore. Si le rock s'électrise en cette année charnière, tout est encore humain, chaque son est instrument : ce somptueux délire d'arrangements et de sons en forme de bric à brac est en réalité une somme exceptionnelle de mélodies subtiles et d'harmonies géniales, d'appuis rythmiques jouissifs où la lourde contrebasse trébuche en triolet à la fin de sa mesure pour s'écrouler en valse, sur le gong boursouflé d'une cymbale saturée. "Imaginez-vous dans un bateau, sur une rivière... avec des arbres à Tangerine, sous des cieux de confiture...". Quatuor à cordes, menuet de guinguette, agression de fanfare militaire, riffs supersoniques, les arrangements trop riches se mêlent les uns aux autres avec l'onctuosité d'une fumée de cigare, leurs sons changent de couleurs, le rock est assuré par un vieil harmonium et une clarinette tandis que Ringo Starr entame Sgt's reprise, lourd et net et groovy comme une boîte à rythme du milieu des 90's. Voici venir la pop, la vraie. Celle qui se veut fouillée, précieuse, colorée, narcotique... fondamentalement émerveillée. Car les Beatles n'ont pas seulement réuni les conditions et les idées neuves d'un album à vocation expérimentale : ils l'ont ensuite construit sur 12 compositions résolument magiques. On ne reviendra pas sur l'excellence mélodique et harmonique atteinte à cette époque par les Beatles. "Rubber soul", "Revolver"... depuis quelques albums, le groupe a basculé dans le domaine du divin, et révèle au côté d'un génie mélodique désormais prodigieux une folie novatrice totalement inédite, et pour enfoncer le clou : parfaitement contrôlée. "Fixing a hole", "She's leaving home", "...Mr Kite", "Good morning..."... dans le son, l'atmosphère, les couleurs : on n'a jamais vu ça. Dans les chœurs insensées, dans les mélodies folles, les harmonies extra-terrestres, dans la mélancolie que grime la déconnade et qui trouve dans ce disque les tournures mélodiques les plus saisissantes qu'on entendit jamais : les Beatles utilisent aussi bien les cuivres que le clavecin, la flûte ou la satu pour passer par un pont aux contrepoints baroques d'un couplet pop anglaise au refrain rock n'roll. En mêlant au rock des tournures de menuet, des harmonies foraines, des flonflons, des gravités classiques, des mélodies parfaites, éloquentes comme du Bach, en usant des ponts de singe qu'offre les harmonies entre toutes les musiques qui constituaient alors l'inconscient culturel populaire, les Beatles ont inventé l'aristocratie pop, l'excellence du plus grand nombre... la noblesse des musiques de tous les jours. Plus personne aujourd'hui ne conteste à ce disque sa place au firmament, là où l'on trouve Mozart, Bach ou bien Beethoven ; des classiqueux au jazz, les seigneurs des races nobles de la musique huppée ont tous, un jour ou l'autre, tenté de s'y frotter. Les intellos, encore, les chercheurs d'élitisme se jetteront dans la brèche, ainsi que tous les autres, pour les dix ans à venir, offrant à la musique la plus belle décennie de son époque moderne : les seventies. Le prog, le psyché et le hard; les cerveaux, les rêveurs et les brutes : personne pour échapper au chef-d'oeuvre des Beatles. Il a rendu possible l'utopie artistique appliquée à la musique rock. Ce disque, dont l'écoute superficielle fait presque croire à un album de pop standard tant il est cohérent, s'ouvre dès qu'on le regarde sur une exultation sonore et créative, toujours aussi vivace après quarante années... Si vous ne connaissez pas, notez tout de même ceci : tout le monde vous le dira, de Miles Davis à U2 en passant par Zappa, Fripp ou Ceccarelli : si vous prêtez l'oreille à ce qui se passe ici, sachez que jamais plus il ne vous la rendra.
note Publiée le dimanche 23 octobre 2005
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- Vilain Barbu › Envoyez un message privé àVilain Barbu
Surcôté au possible. When I'm 64 est sympatoche, She's leaving home est pas mal si t'as rien d'autre sous la main, A Day in The Life serait géniale si le collage entre les 2 chansons était pas aussi grossier mas bon pas mal quand même. Le reste... oscille entre l'insupportable (Good Morning Good Morining me donne à chaque fois envie de jeter le skeud par la fenêtre) et le osef (Within You, Without you, c'est généralement le moment où je m'endors).
- Note donnée au disque :
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
Au final, ne serait-ce effectivement pas celui-ci mon favori ? Difficile encore à trancher mais il n'y a vraiment rien à jeter.
- Note donnée au disque :
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
@dun23 : Merci du tuyau, ai regardé, c'était plutôt pas mal
- Note donnée au disque :
- Dun23 › Envoyez un message privé àDun23
Une bonne émission en replay sur Arte sur cet album: comment les blates (oui, je fais une faute exprès) et Martin et son équipe ont un peu révolutionné les techniques d'enregistrement. C'est vraiment une émission instructive, qui parle aussi de la composition à l’œuvre sur cet album (avec en bonus Strawberry Field et Penny Lane). Je n'aime pas particulièrement les Beatles mais j'ai apprécié cette petite heure d'analyse.
- fonfongre › Envoyez un message privé àfonfongre
Enfin bon, 50 ans pour sa maman, plus de 30 pour lui ; pourquoi embêter Richard comme ça ?
- Note donnée au disque :