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Piotr Ilyitch TchaÏkovski (1840-1893) › Concerto pour piano et orchestre n°1

cd • 4 titres • 67:37 min

  • Concerto pour piano et orchestre n°1 en si bémol mineur, op 23
  • 1Allegro non troppo e molto maestoso-allegro con spirito21:08
  • 2Andantino semplice7:28
  • 3Allegro con fuoco6:48
  • Concerto pour violon en ré majeur op 35
  • 44-632:00

informations

La version chroniquée est l'interprétation de Martha Argerich avec Charles Dutoit de 1971. Le tempérament explosif de la pianiste argentine en fait une des interprètes idéales de cette fascinante partition, si difficile à apprivoiser. Cet enregistrement n'est disponible à ma connaissance que dans le cadre d'une série DG "collection du millénaire". Elle est en vente sur Amazon à l'heure où j'écris ces lignes et je vous encourage à en profiter, pour le prix de 7.7 euros vous y trouverez associé le sublime cncerto pour violon dans la non moins sublime interprétation du grand Milstein, ici accompagné par Abbado et le philarmonique de Vienne. Néanmoins, cette édition étant difficile à trouver par ailleurs, je ne peux que vous conseiller les autres interprétations de Martha Argerich, et particulièrement celle avec l'immense Kondrachine, éditée chez Phillips, où elle est couplée avec le n°3 de Rachmaninov. Et il faut évidemment mentionner Richter.

line up

Martha Argerich (piano); Royal Philarmonic Orchestra; Charles Dutoit (direction)

chronique

  • musique concertante/romantique

Romantique... plus que vraiment sombre ou triste... terriblement romantique, à tel point que ses accès d'automne et d'esthétisme pur finissent par confiner au douloureux tellement le compositeur tente d'y exprimer son génie harmonique au travers de sa gaucherie d'instrumentiste. Car toute l'étrangeté de l’œuvre pour piano de Tchaïkovski vient de là : le russe n'était pas un bon pianiste et composa ainsi des partitions très difficiles où la technique écrite côtoie la difficulté d'expression. Cette tension quasi permanente sculptée par la sensibilité mélodique de Tchaïkovski exprime en plein son tempérament à la fois orageux et dolent dans ce premier concerto pour piano. L'orchestre est prétexte à la grandiloquence, à l'explosion sonore, à la montée vertigineuse. Alors bien sûr, entre deux tours de force du soliste en souffrance, Tchaïkovski va dresser des levées orchestrales puissantes et dramatiques auxquelles feront échos dans la prouesse suivante les martèlements violents des dix doigts du pianiste qui monte et qui descend des registres de caves aux aigus agressifs. S'ouvrant sur un des thèmes les plus marquants du russe, explosion par les cuivres avant le violon romantique dans sa forme la plus pleine, le concerto s'en va ensuite de vallées en sommets et d'éclats en silences dans un long tournoiement aux heurts parfois abrupts de piano qui résonne et de cuivres qui explosent entre deux crises solistes dominées par la frappe. Durant les 21 minutes des deux allegro d'ouverture le compositeur va donner à sa partition les forces et les exigences des caprices de sa difficile partie soliste. Le mouvement va ainsi être un éprouvant ballet de violence et de calme, de piano percussif et de retour de thèmes aux cordes emportées, alternant les grands vents des automnes de Russie et les petits matins de givres après l'hiver. Particulièrement porté sur les graves, le piano déchaîne ses passions complaisantes et rendues colériques par la gaucherie du maître de passages plein orchestre en solitudes totales, parvenant quelquefois après une longue errance à trouver le repos. Tchaïkovski n'hésite pas à frapper des accords aux portes de la laideur en des rythmes primaires aux sautillements grossiers comme pour mieux signifier l'absurdité de sa colère, avant d'envoyer le soliste au casse-pipe avec des descentes foudroyantes composées à la plume. Les élans dramatiques de la partie médiane atteignent des sommets de noirceur éprouvante, et le piano martèle, le piano frappe encore, le russe poussant le vice de la technique abrupte jusqu'à doubler les notes d'harmonies difficiles et tombant maladroites, décalées de leur sœur d'une courte quadruple croche. Fâché avec ses doigts, Tchaïkovski ne tolèrera pas d'accalmies douces et simples : les moments les plus doux, les instants les plus calmes sont sans cesse parcourus par le piano discret qui roule et roule des notes pour ne pas s'arrêter. Les coups de cordes et de cuivres jaillissent comme des paires de claques, l'explosion des grands thèmes nous pousse à manquer d'air... 20 minutes d'allegro où les puissances s'enchaînent et les douceurs varient, une authentique marmite de musique romantique en pleine ébullition. D'une douceur de flocon et fin comme une dentelle, l'andantino semplice est essentiellement hivernal et posé. Il s'ouvre comme le réveil après la nuit terrible, les instruments y viennent les uns après les autres comme se lèvent les brins d'herbe sous l'effet du soleil. Le hautbois ou le violon y sont aussi centraux que le piano lui-même dont la présence céleste passe en ruisseau de fond sur de nombreuses mesures. L'allegro con fuoco et son chant narratif nous amène vers un thème éclatant et guilleret à l'allure trop forcée pour être vraiment honnête... difficile et contrasté, agressé par une partition d'orchestre étonnante qui lance de courtes flûtes à l’assaut du soliste, ce troisième mouvement porte l'exagération romantique à son sommet lors d'accès pianistique en larmes déclamées 100% XIXième, slavité garantie. Mais voilà une partition si malmenée par les tempêtes de son auteur qu'elle en demeure totalement indomptable, éclatante et formidable, et qu'aucune des faiblesses ne parvient à ternir en quelque domaine que ce soit. Grandiose.

note       Publiée le dimanche 9 octobre 2005

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Tallis Envoyez un message privé àTallis

Yevgeny Sudbin au piano avec l'orchestre de Sao Paulo.

juj Envoyez un message privé àjuj
si tu penses à judas priest, c'est un mauvais exemple
Arno Envoyez un message privé àArno
Ils devraient écouter la quatrième pour voir si c'est une musique de pédé... Puis les pédés font pas forcément de la musique de pédés...
Note donnée au disque :       
cantusbestiae Envoyez un message privé àcantusbestiae
Une constante chez mes ami(e)s russes, la simple évocation de Tchaïkovski fait ressortir une homophobie primaire, première fois que j'entends dire en parlant de musique classique que c'est de la "musique de pédé", visiblement les moeurs de Piotr ont servi de frein à sa reconnaissance au sein de son propre pays.
Arno Envoyez un message privé àArno
Voici un extrait mp3 du premier mouvement... Tout le monde connaît ce thème... http://www.staff.vu.edu.au/sokolov/Resume/Culture/Tchaikovsky%20-%20Piano%20Concerto%20%20No1%20in%20B%20flt%20minor%20Op23%20%20I%20allegro%20non%20troppo%20e%20molto%20maestosso.mp3
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