RJD2 › Deadringer

Repéré par El-P (Company Flow) qui lui offre un premier tremplin sur le sampler promotionnel de son nouveau label, Definitive Jux, il ne faudra pas attendre très longtemps avant que ce jeune homme talentueux ne publie sa première plaque à l'été 2002, "Deadringer", que beaucoup considèrent comme seul album capable de rivaliser avec l'inventivité ébourrifante de DJ Shadow et son maintenant légendaire "Endtroducing..." Cette sentence est elle-fondée ? Je peux comprendre le parallèle ainsi érigé, surtout en l'absence d'autres références à même de permettre tout autre type de comparaison. Le parcours surprise de "Good Times Roll Pt. 2" et le travail de déconstruction/reconstruction des beats sur "Chiken-Bone Circuit" sont peut-être les deux seuls éléments à pouvoir justifier un tel rapprochement, mais après tout, on ne connaît que trop bien les effets ravageurs des stratégies commerciales à l'emporte-pièce, aussi ne nous laisserons nous pas berner. Même s'il s'y exécute que trop peu souvent, RJD2 se distingue au moins en un point ; sur "Final Frontier", "F.H.H." et "June", il ouvre son espace respectivement aux mc's Blueprint, Jakki et Copywrite, parmi les plages les plus convaincantes de ce premier essai. Le reste du temps, RJD2 réalise de mini bandes sons pour thrillers en court de tournage ("Shot in the Dark" ou "The Horror" qui devrait enfin apprendre à Tony Banks comment jouer convenablement du synthé). Les samples de voix aux accents blues sur "Smoke & Mirrors", "Ghostwriter" ou "2 More Dead" donnent un petit côté Moby, mais heureusement ça n'est jamais aussi soporifique. Bref, "Deadringer" est un parfait petit condensé de musique moderne, à la fois electro, trip hop et lounge, dont le seul défaut est de peut-être lui avoir prêter trop de qualités. Une oreille vierge de ces on-dit pourra faire la différence. Un bon début qui manque encore de caractère mais qui n'a malheureusement toujours pas délivré tout le potentiel que l'on attendait du jeune artiste (sa suite, "Since We Last Spoke", est plutôt décevante).