Fishbone › At the Temple Bar and more

L'intérêt de tout disque live - je rêve ou serait-ce là leur tout premier album en concert ? - est de présenter sous un jour nouveau le répertoire d'un artiste donné dans le contexte d'un direct, là où l'énergie et la communication priment sur le détail et les fioritures studio. Pour l'énergie et la communication, Fishbone fait carton plein. Et pour ce qui est de la précision, dans le chef d'un groupe qui a toujours su mélanger tout et son contraire, la bande à Angelo Moore n'est pas en reste non plus. Alors, où est le problème ? Aucun problème ! C'est juste que Fishbone nous présente ici huit nouveaux titres du meilleur cru, alors que l'on sait à quel point le groupe a ramé dur pour tenter de garder la tête hors de l'eau. Les compositions susmentionnées sont ainsi faites qu'elles permettent à Spacey T de se faire entendre (plutôt deux fois qu'une) alors qu'il s'était montré pour le moins discret sur "The Psychotic Friends Nuttwerx", leur ultime livraison studio publiée en 2000 et qui aurait pu (qui aurait dû) leur permettre de revenir au premier plan. Quelques coups de sang bien placés sur "Skank N' Go Nutts", une charge soutenue sur "Premadawnutt" qui, comme d'habitude, hésite entre funk, ska, punk et métal, ou encore "Demon in Here", au titre ô combien éloquent. Une véritable hémorragie sur guitare Parker. Merde, vous connaissez combien de groupes qui vous lâchent des riffs salaces en pleine tronche avec des cuivres déjantés juste derrière qui les suivent au pas ? Aucun ? C'est bien ce qu'il me semblait... "Live at The Temple Bar and More" reproduit fidèlement sur disque toute la pêche que peuvent dégager les prestations scénique de Fishbone, et à l'écoute de ce qui nous est proposé ici, c'est plus qu'une impression qui nous assaille : c'est la certitude que Fishbone a vraiment la haine. Car la revanche à prendre a un goût amer, le groupe n'étant pas sans savoir qu'il est appelé à rester dans l'ombre à jamais, quoi qu'il fasse. Reste plus donc qu'à miser sur la durée. Et Fishbone s'y emploie, non sans talent. Quitte à vous jeter sur un album de papy's sur le retour, privilégiez celui-ci au dernier "Collideøscope" de Living Colour.