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Michaël Levinas (b. 1949) › Ouverture pour une fête étrange / Les rires du Gilles / Concerto pour un piano-espace n° 2 / etc.

  • 2000 • Accord 465 606-2 • 1 CD

5 titres - 49:00 min

  • 1/ Ouverture pour une fête étrange (16:20)
  • 2/ Les rires du Gilles (7:05)
  • 3/ Concerto pour un piano-espace n° 2 (12:30)
  • 4/ Clov et Hamm (7:27)
  • 5/ Contrepoints irréels-rencontres (4:55)

informations

"Ouverture pour une fête étrange" : studio 104 de Radio-France, Paris, France, le 7 novembre 1981. "Les rires du Gilles" : Rencontres internationales de Metz, novembre 1981. "Concerto pour un piano-espace n° 2" : studio 103 de Radio-France, Paris, France, les 7 et 8 juin 1984. "Clov et Hamm" : studio 105 de Radio-France, Paris, France, le 17 mai 1974. "Contrepoints irréels-rencontres" : studio 103 de Radio-France, Paris, France, le 8 juin 1984.

line up

"Ouverture pour une fête étrange" : Nouvel orchestre philharmonique de Radio-France, Gilbert Amy et Hubert Soudant (direction). "Les rires du Gilles" : Solistes de l'Ensemble 2E2M : Renaud François (flûte), Jean-Max Dussert (clarinette), Antoine Curé (trompette), Patrice Petitdidier (cor), Gérard Perotin (percussion). "Concerto pour un piano-espace n° 2" : Ensemble l'Itinéraire : Patrice Bocquillon (flûte), Patrice Petitdidier (cor), Gérard Boulanger (trompette), Jean-Guillaume Cattin (percussion), David Simpson (violoncelle), Michaël Lévinas (piano), Augusto Mannis (transformations électro-acoustiques), Yves Prin (direction). "Clov et Hamm" : Ensemble l'Itinéraire : Alex Perdigon (trombonne), François Poullot (tuba), Jean-Guillaume Cattin (percussion). "Contrepoints irréels-rencontres" : Patrice Bocquillon, Xavier Pigeon-Saint-Bonnet, Xavier Aragau, Nicolas Brochot (flûtes), Augusto Mannis (transformations électro-acoustiques).

chronique

  • contemporain/musique spectrale

La musique dite "spectrale" est celle qui joue avec les propriétés physiques du spectre sonore, pour engendrer de nouveaux effets. Ces recherches sont la plupart du temps menées sur des instruments de musiques acoustiques "normaux", dont on tire des timbres inédits ou de nouvelles harmonies. Elles peuvent aussi se conjuguer avec l'électronique. Tout comme la musique concrète, ce courant avant-gardiste, qui a connu moins de retombées dans les musiques actuelles mais qui est également considéré par beaucoup d'apôtres du "bon goût" comme une esthétique désuète, est essentiellement français. Gérard Grisey et Tristan Murail en sont les plus illustres représentants. Après eux est venu le franc-tireur Michaël Lévinas (le fils du philosophe), qui s'est saisi d'une manière très libre de ce mode de pensée musicale, en expérimentant aussi comme un bon électro-acousticien, avant de se détourner du mouvement. Michaël Lévinas est sans doute plus connu comme pianiste que comme compositeur. Pourtant, ce disque véritablement extraordinaire lui rend justice, et il est assez délirant dans ses aspects expérimentaux pour ne pas rendre rébarbatives un seul instant ces oeuvres de jeunesse. "Ouverture pour une fête étrange", pour deux orchestres et bande magnétique 4 pistes, est, dans son genre, un chef-d'oeuvre, qui mêle recherches spectrales, électro-acoustique, théâtre musical et, oserais-je dire, musique de film, tant les images viennent facilement. Cela commence par le vent qui souffle doucement, puis le barrissement énorme des cuivres (une signature du compositeur) décrit carrément une tempête ; des flûtes-oiseaux arrivent par nuées de plus en plus épaisses ; puis des carillons annoncent le début des "festivités". Ce qui est fascinant dans un premier temps, c'est qu'il est quasiment impossible de démêler ce qui vient de la bande et ce qui vient des instruments réels, tant Lévinas tire de ceux-ci des sonorités inouïes, tant le mixage est virtuose. Ensuite, on ne s’en préoccupe plus, on est simplement pris par la ‘colonne du vent’, par ce rite de secte fanatisée, par ces mouvements de masse qui s’opèrent lentement dans un espace sonore sanctuarisé. ‘Contrepoints irréels-rencontres’ reprend certains éléments de l’hypnose acoustique de l’Ouverture, sous une forme plus dépouillée. ‘Les rires du Gilles’ (pour trompette, cor, flûte de pan, clarinette, percussion et bande magnétique 2 pistes) tire sa force des mêmes effets. On y entend les instruments de musique rire, bruyamment ou doucement. Ils s’esclaffent, chuchotent, deviennent fous. La réverbération de la bande crée bientôt une atmosphère inquiétante, schizophrénique… Le ‘Concerto pour un piano-espace n° 2’, ‘étude acoustique de l’espace d’un piano’, mêle lui aussi instruments réels et bande dans une véritable symbiose. En fait, les instruments de l’orchestre font résonner la caisse du piano, lequel génère lui-même des échos gigantesques, qui passent dans un prisme de sons saturés entrecoupés des samples de soupirs rauques. Pour ce qui est de ‘Clov et Hamm’, qui reprend le nom des deux ‘héros’ de la pièce de Beckett ‘Fin de partie’, je citerai le compositeur lui-même, dont l’analyse résume assez bien les partis-pris esthétiques : ‘Deux vieillards, un trombone et un tuba, dont les propos sont scandés, comme dans le Nô japonais, par des bruits de poubelle, puis par la percussion, se réveillent, se souviennent d’une fanfare, d’une berceuse. A la fin, le trombone éclate en larmes. L’utilisation de la bande magnétique a été pensée comme une musique de scène : la sourdine Buzz donne au trombone une voix de clochard ivrogne dans le style du théâtre d’avant-garde des années 50.’ Voilà qui devrait vous donner envie de découvrir cet univers sonore fantastique et incongru.

note       Publiée le dimanche 3 juillet 2005

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    Dans le "Concerto pour un piano-espace n° 2", chef d'œuvre d'ambiance à la dérive, les instruments se travestissent en cornes de brume, en brouillard, en ressac, en bourrasques, en respirations sous-marines, faisant s'ouvrir devant nous un paysage tout en détails infimes avec ses arrières-plans, ses micro-histoires, ses nuances multiples, la science du bruit organisé de Michaël Levinas et son sens aigu de la mise en scène font véritablement mouches dans cette pièce, très proche en soi d'un Tristan Murail, je pense notamment à ses pièces "Couleur de mer", "La barque mystique" ou son fabuleux "Les courants de l'espace" pour ondes martenot et orchestre.