Nick Drake › Time of no reply

S'il y a bien une chose pour laquelle l'être humain est manifestement très doué, c'est le culte. Qu'il s'agisse de musique, de cinéma, d'idéaux, de jeux vidéos ou que sais-je encore, quand il s'agit de dresser un veau d'or à vénérer, vous les verrez les premiers à se réunir à plusieurs pour ériger cette statue dans les plus brefs délais afin de soulager cette pulsion pour ainsi dire morbide. Les plus malins d'entre eux sont peut-être ceux qui ont choisi l'argent comme totem. Une de leur grande spécialité, c'est le recyclage. Ainsi, pour eux, cela fait bien longtemps que se servir sans scrupules du culte des morts pour alimenter leur propre culte n'est plus un problème. Quantité d'artistes en ont fait les frais, en musique comme ailleurs. Aussi n'y avait-il aucune raison pour que la dépouille de Nick Drake ne soit pas elle non plus soumise à l'exhumation. Tous les dix ans ou presque on se souvient du jeune poète britannique et on vient se recueillir sur sa tombe. En 1986, lorsque Hannibal décide de republier le coffret "Fruit Tree" qui réunit les trois enregistrements officiels du singer/songwriter, il a le flair d'y adjoindre un quatrième disque, bourré jusqu'à plus soif d'inédits, de démos et de chutes studio. Cette collection s'intitule "Time of No Reply" et ressurgira une nouvelle fois lors de son passage cd cinq ans plus tard. On y trouve aussi bien des orchestrations semblables à celle de "Bryter Layter", comme sur "I Was Made to Love Magic", que des exercices purement solo, guitare, chant et rien d'autre. "Been Smoking Too Long" et "Strange Meeting II" ont une restitution sonore plutôt pauvre, mais demeurent un précieux témoignage des premiers pas de l'artiste. Les quatre titres qui referment ce disque se recouvrent du même intérêt historique puisque ces enregistrements datent de février 1974, soit deux ans après "Pink Moon". Plus décent qu'on aurait pu le croire, "Time of No Reply", comme toutes les autres collections posthumes à paraître, s'adressera donc avant tout aux amateurs patentés.