Robotobibok › Nawyki przyrody

Voici un des quelques retours annoncés pour l'année 2005 que j'attendais avec une réelle impatience. Pourtant, il ne s'agit pas d'un vieux groupe prog des années soixante-dix, désolé de décevoir les quelques uns qui n'ont de moi que l'image d'un type irrémédiablement tourné vers le passé. Pour mieux définir le présent et anticiper l'avenir, il faut avoir au préalable une certaine connaissance de son histoire. C'est quelque chose qu'a très bien compris le groupe polonais Robotobibok qui, de disques en disques, ne cesse de surprendre, en empruntant des chemins qui veulent fuir à tout prix le prévisible, même jusque dans l'imprévisible... Le nouveau "Nawyki Przyrody" débute donc presque comme si nous nous étions trompés et de disque, et de groupe ! C'est "Kamaji" ou une sorte de relecture retro jazz d'un Jay Jay Johanson capté par l'entremise d'une radio pirate sur un bidouillage électronique volontairement étrange dispensé par un Jimi Tenor sur le retour. Il faut en fait attendre "54 kw" pour retrouver un peu de ce mystère qui érigea "Instytut Las" au rang des disques les plus aventureux qu'il m'ait été donné d'écouter en 2003. L'équilibre adéquat entre sonorités synthétiques, généreuses envolées au saxophone et rythmique sinusoïdale, garde tout son effet, et ce malgré l'absence remarquée des interventions guitaristiques allumées qui pour beaucoup avaient représenté une valeur ajoutée non négligeable à la découverte de ce groupe. Dans un certain sens, c'est un retour au parti pris plus acoustique et échaudé de leur premier, "Jogging", auréolé des leurs récentes expérimentations électroniques de plus en plus prépondérantes (écoutez à ce titre "Tylko Dla Zwierzat", collage surréaliste tournant autour d'une tonalité de téléphone et un miaulement de chat, et dont le groupe ne s'extrait seulement, et encore très timidement, que sur le refrain). Si on pourrait s'amuser à ranger Robotobibok aux côtés des productions scandinaves actuelles pour revendiquer une esthétique nu jazz de par le choix de leur instrumentation, il faut bien reconnaître qu'ils en font un usage tout particulier, sans équivalent notoire. Avec leur troisième album, Robotobibok continue de cultiver l'étrange, même si, je ne peux le cacher, le résultat est en deça de mes espérances.