Fela Kuti › Excuse o

Ça commence sur un bourdonnement funk comme échappé des transes sexuelles du Godfather of Soul. Clavier intersidéral et percussions rejoignent vite la cohorte pour nous délivrer une nouvelle pièce à rallonge de cette grande fête afro-beat qui n'en finit pas de remuer corps et esprits. Une fois de plus, Fela laisse durer le suspense et attend huit bonnes minutes pour marquer une première pause dans ce déballage impudique de rythme avant de prendre le micro. L'absence de Clifford Itoje au cours de cette session s'entend à peine, la rythmique des guitares étant assurée par le fidèle Leke Benson. On croit halluciner quand, sur le point de se conclure, la plage titre semble se ralentir presqu'imperceptiblement. Aucune astuce technique à rechercher ici ; de toute évidence, la remastérisation n'a pas encore permi la correction de défauts d'origine purement matérielle. La production est assez grossière, il faut bien l'avouer, semblable à celle du titre "Sense Wiseness", présent sur "Monkey Banana". La deuxième face propose un titre plus downtempo. "Mr.Grammarticalogylisationalism is the Boss" est une attaque en règle, plutôt cool, du système scolaire au Nigeria, incapable de répondre aux attentes du terrain. Pour vous donner une image peut-être un peu plus parlante qui vous aidera à imaginer l'atmosphère qui se dégage ici, je vous renvois au "Christian Sands" de Tricky (sur "Pre-Millenium Tension"). Toutefois, prenez soin de faire abstractions de tous les parasites divers inclus par le britannique et focalisez vous sur la guitare rythmique en essayant de l'imaginer beaucoup beaucoup plus lente. Sur ce tapis roulant rythmique vont alors se greffer piano électrique, percussions africaines, cuivres et chorale. "Excuse O" n'a rien qui lui permette de se démarquer fondamentalement de la production de Fela. Mais en soi, il pourrait très bien servir de première prise de contact. Cependant, en attendre en retour un coup de foudre instantané est plutôt illusoire. Quitte à essayer du Fela Kuti, commencez par "Zombie".