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Bruno Maderna (1920-1973) › Satyricon

19 titres - 51:08 min

  • 1/ Introduction (bande 1) (4:19) - 2/ Fortunata aria (3:31) - 3/ Trimalchio e le flatulenze (0:49) - 4/ Orchestral improvisation : "Food machine" (0:18) - 5/ The money (2:15) - 6/ Erotica (bande 2) (1:11) - 7/ Lady Luck (2:13) - 8/ Trimalchio e le flatulenze (reprise) + bande 3 (0:57) - 9/ La matrona di Efeso (9:43) - 10/ Trimalchio and animals (bande 4) (1:38) - 11/ Cariera di Trimalchio (4:27) - 12/ Criside 1 (0:43) - 13/ Criside 2 (0:43) - 14/ Love's ecstasy, quatuor (2:26) - 15/ Fortunata e Eumolpus (2:28) - 16/ Eumolpus fuga (1:19) - 17/ Trimalchio contra Fortunata (2:13) - 18/ Scintilla 1 + bande 5 (1:01) - 19/ Trimalchio ed il monumento (8:46)

informations

Auditorium del castello à l'Aquila, Italie, les 2 et 3 mars 1991.

line up

Divertimento Ensemble, Milano : Sandro Gorli (direction musicale), Lorenzo Misaglia (flûte), Pietro Borgonovo (hautbois), Carlo Dell'Acqua, Maurizio Longoni (clarinettes), Marc Feldman (basson), Guido Corti (cor), Pierantonio Merlini (trompette), Massimo Blini (trombone), Rudi Colusso (tuba), Maurizio Ben Omar, Gianmaria Romanenghi (percussions), Gabriella Bosio (harpe), Maria Grazia Bellochio (claviers), Lorenzo Gorli, Virginia Ceri (violons), Emilio Poggiono (alto), Paulo Gaio Lima (violoncelle), Bob Drewry (contrebasse). Distribution vocale : Paul Sperry (Trimalchio, Habinnas, ténor), Aurio Tomicich (Niceros, Eumolpus, basse), Liliana Oliveri (Criside, soprano), Milagro Vargas (Fortunata, mezzo-soprano).

chronique

  • contemporain/opéra décadent

"Guts are what make the man ; the rest is garbage." Belle morale, n'est-ce pas ? C'est celle de Trimalcion - obligeamment traduite du Latin en Anglais par Bruno Maderna, extraite du livret de cet opéra délirant, pour quatre chanteurs et orchestre de chambre. Certains d'entre vous connaissent certainement le fameux Satyricon de Pétrone, qui narre les pérégrinations et les aventures amoureuses d'Encolpe et de son joli Giton... Les prémices de la décadence de Rome s'y découvrent à travers plusieurs épisodes, dont le plus fameux est bien évidemment la scène du festin chez Trimalcion, cet homme immensément riche qui fait, lors d'une soirée de débauche, successivement l'apologie de la philosophie, de l'astrologie, de l'argent, du pet ("Moi, je ne connais pas de plus grand supplice que de se retenir"), ou de la poésie, n'ayant de cesse de rendre grâce à la nourriture et au vin. Une "Grande Bouffe" à l'Antique, dans laquelle certains ont vu, par contraste, un pamphlet moraliste. Fellini s'en était déjà emparé au cinéma ; Maderna s'en empare en musique (l'année de sa mort : un testament en pied-de-nez...). A priori, cela pourrait faire un peu peur : le compositeur italien fut en effet l'un des plus éminents professeurs de Darmstadt, au temps où y officiaient également Boulez, Stockhausen, Berio, c'est-à-dire qu'il fut un des fers de lance de cette avant garde sérielle d'après-guerre qui marchait tout droit dans les traces de Schönberg. Pas un comique, donc ? Erreur. Dans cette fresque post-moderne burlesque et savante, dans laquelle les citations de Verdi et de Bizet côtoient la musique concrète ; où les grandes arie baroques sont interrompues par des souvenirs de Berg ou de Stravinsky ; entre pointillisme sériel, musique aléatoire et musique spectrale, jazz de pacotille et réminiscences de Kurt Weil ; il est impossible de s'ennuyer, pas plus que de remettre quoi que ce soit à sa place. Ce sont de belles histoires d'amour évoquées avec lyrisme ("Love's ecstasy") entrecoupées par la marche des millions gagnés par Trimalcion ("Vierzehn Millionen, Zwanzig Millionen, Hundert Millionen, noch mehr !... Immer mehr !... Kolossal ! Tria milia centies quadrigenti milia centies nongenti milia centies !" - ah oui, parce qu'on ne parle pas qu'Anglais et Français dans cet opéra, on y parle aussi Allemand et bien sûr Latin) ; c'est le sublime conte de la matrone d'Ephèse qui répond aux volontés de Trimalcion de s'offrir un beau momument funéraire et... un beau requiem pour lui tout seul ("Here my private tuba mirum !") Non, impossible de vous décrire le téléscopage incessant de cette musique, ses mille et unes allusions savantes glissées entre ses mille et unes trivialités. Le rideau s'ouvre sur des samples de dialogues en italien, mêlés à des bruits cacophoniques, instruments de musique, klaxons... L'aria de Fortunata renvoit à la modernité de Berg ; "Erotica", pour bandes, rappelle étrangement la "Symphonie pour un homme seul", puis, immédiatement après, c'est la solennité baroque de "Lady Luck", les samples de goret de la reprise de "Trimalcion et les flatulences"... Bon, j'arrête là ; je crois que vous avez compris. Un peu trop n'importe quoi pour être honnête, mais un très bon moment à passer, que je déconseillerais toutefois dans un premier temps à ceux qui ne se sont pas déjà un minimum familiarisés avec l'univers de l'opéra. Et encore, peut-être aurez-vous assez de tripes pour encaisser ça en novice, et dire, comme Trimalcion : "No one could say I didn't have guts."

note       Publiée le jeudi 19 mai 2005

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