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Luigi Nono (1924-1990) › La fabbrica illuminata / Ha venido / Ricorda cosa ti hanno fatto in Auschwitz

  • 1992 • Wergo WER 6038-2 • 1 CD

3 titres - 34:21 min

  • 1/ La Fabbrica Illuminata (16:48)
  • 2/ Ha Vendio, Canciones para Silvia (6:24)
  • 3/ Ricorda Cosa ti Hanno Fatto in Auschwitz (11:09)

informations

Studio Fonologia RAI, Milan, Italie, 1966-1967 et Südwest-Tonstudio H.Jansen, Stuttgart, Allemagne, juillet 1968

line up

Carla Henius (soprano), Barbara Miller (soprano), Stefania Woytowitz (soprano), Chorale RAI de Milan conduit pas Giulio Bertola, Choeur soprano Schola Cantorum de Stuttgart conduit par Clytus Gottwald, Chorale enfant Piccolo Teatro de Milan

chronique

L'après Schoenberg, c'est un cataclysme sans précédent pour la musique "dite" sérieuse. La musique contemporaine se déploie, offre un nouveau visage. Les expériences vont bon train, menées par une ribambelle de compositeurs aux idées plus provocantes les unes que les autres. Au milieu de tout ce beau monde, un homme, Luigi Nono, dont l'histoire aura seulement conservé sa facette d'artiste engagé. Raccourci lapidaire qui tend à rendre la musique de Nono moins puissante qu'elle ne l'est en réalité. Entre les fascinations mathématiques de Xenakis, le non-interventionisme de Cage et les chorales infernales de Ligeti, le compositeur italien a clairement une place à se pourvoir. Adhérent du parti communiste italien dès 1954, son oeuvre va effectivement se recouvrir au fil des années d'une grille de lecture socio-politique qui ne laisse planer aucun doute sur l'authenticité de son engagement. Rapidement, son attrait pour les recherches électroniques vont lui permettre de circonscrire son champ d'investigation au seul phénomène sonore. Nono n'est pas pour l'instant en quête de divin mais de sens. Cette publication Wergo de 1992 nous propulse au coeur même des recherches les plus intensives du compositeur, entre 1960 et 1965. Sans extravagances outrancières, "Ha Venido", composé en 1960, s'inscrit dans le sillage des travaux de Ligeti. Mais les seuls instruments à vibrer ici sont une cinquantaine de cordes vocales. L'apport des technologies nouvelles va pourtant rapidement permettre à Luigi Nono de transfigurer son discours dans une forme de biomécanique musicale post moderne, faisant de l'italien le H.R.Giger de la musique contemporaine, rien de moins (qu'est-ce qu'il faut pas raconter pour tenter de captiver l'attention de l'amateur de death métal brutal tout de même...) ! Ainsi, des bandes magnétiques sont utilisées, triturées, à rebours ou ralenties à l'endroit, pour créer des décors où le cri du vivant se perd dans le bruit du métal. Il transforme les voix en stridences, en pluies acides. Il en fait des fantômes aux secrets trop lourds à porter. "La Fabbrica Illuminata" procède de ce travail minutieux, tout comme "Ricorda Cosa Ti Hanno Fato in Auschwitz" dont l'exposé nous laisse à penser à juste titre que Nono préfère s'attaquer au mal par le mal pour le dénoncer. Essentiel parce qu'effrayant. Effrayant parce qu'essentiel.

note       Publiée le samedi 14 mai 2005

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
    avatar

    Nono: Tu veux un p'tit clou, Noumaïos ?
    Ulysse: Dans l'oignon tu te les carres tes p'tits clous Nono! *beigne*
    Nono: Choueeette !

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    c'est lui l'ami d'Ulysse ?

    darkmagus Envoyez un message privé àdarkmagus

    Encore sur « Ricorda Cosa ti Hanno Fatto in Auschwitz ». Cette œuvre me hante. Des portes rouillées qui grincent et qui se referment, sur qui ? Ou qui s’entrouvrent, sur quoi ? On le devine bien sûr : le titre est explicite. Une autre écoute et ça sera des plaintes, ou des cris d’effroi, ou de douleur peut-être, ou le tout ensemble ? allez savoir ce que Nono voulait vraiment transcrire, il reste ce que j’entends, et c’est effrayant en effet, effrayant et sublime.

    darkmagus Envoyez un message privé àdarkmagus

    "......Fatto in Auschwitz", effrayant en effet, le "Guernica" de Nono ?