Des Esseintes › Les Diaboliques

Après avoir collectionné les eps et les splits avec ses vieux amis, Magnus Sundström sort enfin un album entier de des Esseintes. Et quel album ! S'inspirant comme pour The Protagonist de la littérature et de l'esprit dix-neuvième le suédois nous plonge dans l'enfer des perversions évoquées par les personnages troubles des nouvelles de Barbey d'Aurevilly. Débutant sur une atmosphère sobre mais étrange, 'Discontinued' est auréolé d'une déclamation en suédois d'un extrait des textes du recueil avant que des percussions très industrielles n'entament la quiétude initiale. Le ton est donné, nous serons donc soumis à d'incessantes vagues de sons et de rythmes hypnotiques comme sur "Proclamation" et son impression de catastrophe imminente, voire matraqués à mort avec le surpuissant "Closure" et son implacable orchestration. Les boucles sont suffisamment agressives pour déranger mais l'ambient se niche dans les moindres parcelles de chaque morceau, créant des climats suffocants qui rappellent au cas où nous l'aurions oublié que l'on est pas dans "La petite maison dans la prairie". L'album se termine par un requiem, entre ambient et symphonique, à la fée verte c'est-à-dire l'absinthe, boisson en vogue au XIXème et qui en rendit fou plus d'un. Justement, la folie de "Les Diaboliques" est très insidieuse : loin du créneau purement neoclassique et pompeux de la plupart des projets du genre, cet album distille son poison patiemment en trompant la vigilance de l'auditeur. Et sachez qu'il n'existe aucun antidote, alors vous êtes avertis !