John Adams (b.1947) › Fearful symmetries

Une énorme et brillante machine de guerre lancée à l'assaut du "bon goût" musical. Voilà comment on pourrait définir la musique de John Adams ; et cela s'applique particulièrement bien à ce "Fearful symmetries". Une maestria orchestrale sans faille, une pulsation soutenue impitoyablement durant près de trente minutes pour une oeuvre qui passe du jazz dixieland au minimalisme, d'une musique de film d'épouvante à Ravel, le tout agrémenté de nombreuses réminiscences des thèmes de l'opéra "Nixon in China", dont on retrouve d'ailleurs le même effectif instrumental ici : grand orchestre "classique" avec claviers et saxophones. Petits pas de deux sautillants, musique chinoise de pacotille, boogie-woogie... le tout interprété par un énorme big-band. Ce qui est extraordinaire, c'est la faculté, à travers tout ce bordel, qu'a John Adams de maintenir l'auditeur en haleine ; et ce en premier lieu grâce à la rythmique de la chose et à sa puissance d'entraînement. Cette pièce est une sorte d'énorme locomotive, faite d'un peu n'importe quoi ; mais ses différentes parties sont très bien accrochées l'une à l'autre, et le véhicule est propulsé sur une ligne à grande vitesse. La musique monte en puissance tout du long, et finit par exploser dans un final étincelant... Ce qu'on peut toutefois ajouter, c'est que, à travers la direction prise dans les années 1980, le gaillard est d'ores et déjà perdu pour la cause de l'avant-garde. Mais comme il s'en fout et qu'il pense qu'il n'y a plus d'avant-garde possible, il est difficile de lui en vouloir.