Pierre Henry (1927-2017) › Prisme

Après les mémorables "Fragments pour Artaud" (1970), et "Entité" (1959), courte fantaisie électronique qui aurait peut-être davantage eu sa place sur le volume 04.3 ("Les années cinquante"), ce volume 04.2 se conclut par "Prisme" (1973), une longue et tourbillonnante spirale sonore qui nous saisit irrémédiablement pour ne plus nous lâcher. On y entend, là encore, des échos de l'"Apocalypse de Jean", mais tout est monté de manière si différente que cela ne parasite pas longtemps l'écoute. Les éclaboussures de sons, les murailles gigantesques qui se dressent devant nous, les déflagrations violentes, les transes implacables et autres maelströms indescriptibles : il y a ici, condensé en à peine plus de quinze minutes, un répertoire presque exhaustif de ce que Pierre Henry était capable de faire à cette époque... et en écoutant les plus talentueux bidouilleurs de la musique noise/electro d'aujourd'hui (d'Aphex Twin à Otomo Yoshihide), je ne crois toujours pas qu'on puisse faire mieux. A défaut d'un chef d'oeuvre, voici une extraordinaire et très expressive leçon de virtuosité electro-acoustique ; des expérimentations diaboliques sur lesquelles le temps semble n'avoir aucune prise ; et c'est peut-être avant tout ça qui fait également de Pierre Henry un "classique".