The Bees › Sunshine hit me

C'est doux, c'est sirupeux, c'est précieux. C'est typiquement british, et c'est dans cette longue tradition de l'interminable fil rouge qui, des Beatles au Beta Band, tisse autant de points d'ancrages incontournables, comme une armée de 10cc, une kyrielle de E.L.O., un bataillon de XTC, propres à asseoir l'incontestable savoir-faire anglo-saxon en matière de tricotage pop ultra mélodique. Qu'est-ce que tout cela à avoir avec Guts of Darkness ? Où est le sombre et l'expérimental dans "Sunshine Hit Me" qui, déjà, rien que par le titre, démontre d'emblée que The Bees est attiré par la lumière ? C'est que le duo Paul Butler Aaron Fletcher, qui assument seuls la (re)construction de cet univers passéiste, ne se sont pas contentés de retenir les enseignements des anciens, comme beaucoup. Ils ont été pioché chez leurs contemporains aussi... Rien de personnel alors ? Pas si sûr... Ce n'est pas de ma bouche que vous entendrez s'exprimer des vociférations incontrôlées à l'encontre des techniques d'enregistrement actuels. La chance que nous avons, la chance que nous avons mes amis ! La musique, enfin, à la portée de tous. La musique, libre, d'appartenir à chacun d'entre nous, enfin. Au travers de ces onze pastels au goût de batida de coco qu'on se rêve de consommer à l'ombre d'un palmier, c'est une célébration de ce bonheur retrouvé que j'entends. Un plaisir simple et pur. Beaucoup de titres parfum vanille, funky ("Angryman"), reggae ("No Trophy"), un peu trop laidback pour le true black en manque de haine à gerber. C'est oublier que les anglais sont des pince-sans-rire et que les petites sucreries qu'ils nous offrent à goûter ont souvent un arrière goût amer. Alors, la tradition perdure, un peu High Llamas (le superbe instrumental "Sunshine"), un peu Badly Drawn Boy ("Sweet Like a Champion"), c'est mignon tout plein, c'est léger, c'est caustique. C'est bien agréable, c'est juste une petite gâterie sans conséquences. Et en ce moment, j'ai besoin de me faire du bien.