Bi Kyo Ran › Madoromi live vol.4

Bi Kyo Ran est un mauvais groupe. Un mauvais groupe progressif, ce qui le rend deux fois plus mauvais que n'importe quel autre mauvais groupe. Jouissant d'un statut culte plus alimenté par la difficulté réelle à mettre la main sur une de ses productions que pour les qualités intrinsèques de son matériel, sa réputation est toute entière basée sur sa faculté de mimétisme avec King Crimson, le King Crimson de "Larks' Tongues in Aspic", "Starless and Bible Black" et "Red" qui plus est. Certains d'entre vous se souviendront peut-être d'une vieille publicité où un japonais s'écriait "on peut le copier peut-être ?". A cette question, la réponse est toute trouvée ; non ! Si malgré toutes ces mises en garde, vous faites preuve d'un acharnement borné à vouloir vous procurer l'un ou l'autre de leurs disques - vous vous faites du mal tout de même, vous en rendez vous compte ? - alors autant jeter votre dévolu sur "Madoromi" dont les intentions, au regard de sa pochette, ne tromperont personne. Quitte à vouloir juger sur pièce si cette réputation est fondée ou non, au lieu de s'envoyer les titres insipides de leur répertoire disséminés dans toute leur discographie modeste mais déjà bien trop fournie à mon goût, autant écouter ce que le guitariste Kunio Suma sait faire de mieux, ou de moins mauvais : reprendre King Crimson, tout simplement. Ce live propose six interprétations en concert de titres emblématiques du Roi Pourpre parmi lesquels "Starless" et "Fracture". Je serais d'une mauvaise foi crasse si je ne vous avouais pas qu'on pourrait très bien se laisser prendre au jeu tellement l'illusion est parfaite par endroits. Seulement, posons nous la question de l'intérêt d'une pareille entreprise ? "Madoromi" ne doit être vu que comme une curiosité, et rien de plus. L'exemplification d'un dédoublement de personnalité à la limite du malsain qui, heureusement, par l'intermédiaire d'un chant qui de toute évidence ne comprend pas un traître mot de ce qu'il dit et un son tout pourri (encore merci Belle Antique), nous rappele à la réalité.