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Deftones › Adrenaline

cd • 11 titres • 47:08 min

  • 1Bored
  • 2Minus Blindflod
  • 3One Weak
  • 4Nosebleed
  • 5Lifter
  • 6Root
  • 77 Words
  • 8Birthmark
  • 9Engine No. 9
  • 10Fireal/Swords
  • 11Fist (ghost track)

informations

Bad animals, Seattle WA 1995

line up

Stephen Carpenter (guitars), Chi Cheng (bass, back vocals), Abe Cunningham (drums), Chino Moreno (lead vocals)

chronique

Premier album des deftones à l'époque passé complètement inaperçu dans la presse. Il est au même titre que "Korn" de Korn le parent du mouvement aujourd'hui appelé neo-metal. Deftones fondent ici un style totalement nouveau, des riffs orientés metal, auquels s'ajoutent des vocaux chantés, mélodiques et posés, rendant le style bien plus accessible, ce qui leur valut évidemment une huée générale de la part des métalleux "underground". Le style de l'album est linéaire au possible, il est quasiment impossible de distinguer les chansons les unes des autres à la première écoute, mais les compos sont toutes d'une efficacité rarement égalée. On distinguera tout d'abord "bored", éclaireur de l'album avec son cultissime riff d'intro et son refrain mélodieux et accrocheur, puis quelques autres morceaux qui font encore à l'heure actuelle, partie des grands classiques de ces messieurs. "One weak", pour sa structure complètement calquée sur la basse, "lifter" et son riff insistant, "root" et son break aux influences orientales ou "birthmark", pour son efficacité, tout simplement. Chino se risque à utiliser quelques vocaux rappés sur certains morceaux ("7 words", "engine no.9"), pas très convaincant, mais les versions live sont bizzarement, bien plus à la hauteur. Quelques prémices de l'orientation musicale future du groupe sont déjà présents sur les géniaux "fireal" et "fist", la machine est en marche.

note       Publiée le vendredi 2 novembre 2001

chronique

Adrenaline est intime. À l'image de sa pochette : une poire à lavement (qui renvoie au titre-valise malicieux du second Tool sorti la même année - étonnant non ?) Une espèce de clystère en caoutchouc sous une sorte de flou hamiltonien, dans le séant des années 90 (1995). Imaginez juste deux secondes le niveau de conceptualisation et de brainstorming des mecs à l'époque ! Un truc de dingue. Nous allons dans cette seconde chronique essayer de percer deux ou trois mystères - et boutons blancs - car cet album en est pétri, sous ses airs rustres de début prometteur.

D'abord, pourquoi autant considèrent ce premier jet (l'expression lui va comme un gland) inférieur à Around the Furby ?! Alors que tout ici est d'une singularité folle, même si l'époque se prêtait aux fusions rock-rap-metal, Adrenaline apportait une sauce réelle, au moins autant que... Ben j'sais pas moi, faites un peu travailler vos étagères mentales... Therapy?, Tool, ou... koRn. Adrenaline est brouillon ? Pas exactement : il est brouillé. Brouillis, brouhaha. C'pas pareil ! Ceusses qui se branlent sur la shoegaze devraient lui avoir dressé des chapiteaux royaux sous la couette depuis l'temps qu'il passe sur Canal Spleen, ce putain de premier skeud en crypté. Il est flou, TROUBLE, c'est un album qui fait rouiller le sucre, rend la guimauve épineuse, et les appareils dentaires plus dangereux que des pièges à loup. Un album fait par des jeunes sensibles en surpoids et affamés, qui plonge dans une ambiance de dortoir où toute sortes de saloperies peuvent se passer. On est loin de la salle de colle (de sport ?) aseptisée du suivant ! Préférer ce dernier n'est pas un drame en soi, juste une forme de grossophobie mélomane. Ne condamnons pas ; aidons à aimer. Même si cet album n'est pas très aimable. Ici le son de guitare est étouffé, acide et sale, il ramène à l'humeur terne et morbide de cette créature hormonale, instable, disgracieuse, que l'on nomme ado. D'essence metal extrême autant que noise rock, pour pas dire autant Slayer que Sonic Youth, et pire encore avec une androgynie atrocement vénéneuse par instants très proche d'un Today Is The Day (rien que ça), Deftones sont ici l'incarnation brute de décoffrage du très naturel oxymore : metal alternatif. Le chant de Moreno est toxique, gluant, plus informe qu'un blob, et colle comme un suc intime. Pouvant être aussi soul qu'un Greg Dulli mais à sa façon, sans parade. Chino-Murène ondule du gémissement entre caresse et morsure, dans son aquarium quasi opaque. Il lèche déjà la baffle comme si c'était un clito-esquimau. Les riffs fourrent le donut avec du gravier de terrain vague. Y a du sexe dans la frustration, y a pas à tortichier. La rythmique est un métronome capricieux chaussé de Converse trouées, angoissée ("Root" et "Birthmark", bordayl de mayrde, et que dire de la défigurée "Fireal/Swords" ?) Le groove est insalubre, comme les chiottes du collège où fourmillaient les odeurs les plus ineffablement malsaines de la création, et la sensation ignoble d'un lavage de pogne au savon-poire rotatif, incrusté de peaux mortes de puceaux (remember the slippy rota-savon vissé au carrelage moche, souffre-douleur des nineties, and don't forget the pain individuel du réfectoire, a.k.a cet outil à bizut). Des choses pas très nettes se passent sur Adrenaline, un goût de grunge d'une ambiguïté redoutable (bien plus que Nirvana), la dépouille en putréfaction d'un grunge inséminé post-mortem par Faith No More, des souvenirs en croûte, du sébum de fantasmes, dont émane le parfum suave d'une fleur carnivore dodue et grasse, de type rafflesia. Fleur carnivore floue. Ouais. Adrenaline c'est de la balle, de la très grosse balle, ne crois surtout pas le contraire, petit enfoiré déostické vénérant l'album suivant avant tout ! Ou on va te mettre la misère à minuit, à coups d'édredon en plumes de plomb dans ta gueule de bellâtre sur roulettes si bien vu de toute la cour de récré. Adrenaline, du Deftones mal dégrossi ? Moui, c'est ça. Du gros Deftones qui tache, qui prend de la place, qui gicle sur la glace. Du Deftones aux doigts boudinés, sinueux, livide, qui dérange avec sa tronche à manger cinq fruits et légumes par an, et son odeur d'épisode de Striptease dans la banlieue sacramentine, s'achevant dans un puits de murmures corrodés, moment qui aura rarement aussi bien porté le nom de piste fantôme.

Pas du Deftones brillant en skate - d'façon il se met dessus ça casse direct. Et pourtant, quelle évanescence dans cette laideur bondissante. Un étrange contraste de saveurs liées, une cohérence absolue dans son émoi-souillure. Comme du pus de spleen. Un des véritables OVNI des alt-nineties, retranscrivant avec la formule classique chant-guitare-basse-batterie tout le trouble dégueu-lassé de la puberté, ce mélange obscène de secrétions, d'humeurs, ce passage douloureux d'un monde à l'autre, mue incertaine dont Deftones resteront l'expression musicale la plus fascinante.

note       Publiée le mardi 8 mars 2022

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    Note moyenne        62 votes

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    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Je trouvais ça trop jeune. maintenant je trouve ça très bien. Robotique, sérieux. Rigole pas. Sensations exacerbées quand même. Recommandation: Chokebore (Fireal, on s’y croirait!)

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    Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

    Pile pour le départ de Vega !

    miss guts 2008 Envoyez un message privé àmiss guts 2008

    CLAP

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Faut l'écouter après tous les autres, en fait. Je l'ai un peu pris comme une apothéose à rebours, en me le passant à la fin de toute la discographie réécoutée. C'est vraiment quelque chose de pas banal ce disque. Comme le premier Korn, dont il est comme un frère séducteur et dépucelé, bien intégré au campus... mais pas moins mal dans sa peau, oh que non. Korn je le ressens bien comme le frère maudit, séquestré à la campagne à qui son alter-ego cunnilinguiste Adrenaline vient rapporter les restes de bouffe de la cafèt', raconter des histoires, parler des filles... et piquer des idées, des grimaces.

    Deux premiers albums-freaks bien distincts, mais comme liés par un pacte secret.

    Note donnée au disque :       
    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Tu fais chier, t'as tout dit. Eruption, cutanée, piaule.. et bien vu les polochons. Mais j'ai pas dit mon dernier mot, je dois toujours le réécouter.

    Note donnée au disque :