Stormy Six › L'apprendista

Comment pourrait-on qualifier un groupe qui passe les premières années de sa carrière à tenter de percer dans les classements de meilleurs ventes de disques à coup de chansons psyché pop, qui en milieu de parcours se découvre des revendications politiques plutôt populistes, et qui, dans les dernières années de sa vie, s'évertue à rendre sa musique de plus en plus complexe et impénétrable ? ... Vous dites ? Opportuniste ? Mmmh... C'est bien ce que l'on pourrait en effet penser du long parcours chaotique accompli par Stormy Six. Pourtant, si le doute me ronge, c'est parce qu'à chacune de ces étapes cruciales, le groupe semblait toujours sincère, s'appliquant avec une conviction des plus désarmantes. "L'apprendista" est le premier épisode de ce revirement radical qui va conduire la troupe de Umberto Fiori à devenir le seul représentant du mouvement RIO en Italie, sa seule extension viable. Pourquoi ? Parce qu'au même titre que Samla Mammas Manna pour la Suède, Univers Zero pour la Belgique ou Etron Fou Leloublan en France, chacun de ces groupes, tout en défendant une version toute personnelle de la musique d'avant garde, demeurent les formidables témoins privilégiés de la culture qu'ils sont sensés défendre. Il faut ajouter à cela l'aspect récurrent de ces musiques basées très souvent sur des arrangements majoritairement acoustiques, apportant cette petite touche musique de chambre si particulière. Tout cela est d'ores et déjà effectif sur "L'Apprendista", même si la complexité des structures n'a pas encore atteint son paroxysme. En fait, mis à part la beauté intrinsèque des chants en contrepoint des frères Shulman, Stormy Six partage ici plus de points communs qu'on pourrait le croire avec Gentle Giant. L'instrumentation est riche et variée et maintient un aspect folk prédominant que reprendront à leur compte bien plus tard des groupes comme Camerata Mediolanense, par exemple. L'album suivant, "Macchina Maccheronica", est réputé être leur plus extrême. Il me tarde de pouvoir l'écouter...