Happy The Man › The muse awakens

En ce début d'année 2005, le doute n'est plus permis : le courant progressif n’éprouve désormais plus aucune gêne à montrer que l’exploitation de la nostalgie a toujours été, et vraisemblablement restera encore pour longtemps, son fond de commerce. Après Magma, les Muffins, Van Der Graaf Generator qui pointe méchamment à l'horizon, c'est au tour d'Happy The Man de se rappeler à nos bons souvenirs, un groupe mineur par l'aura mais majeur par le talent qui doit toute sa notoriété à la persévérance d'admirateurs transis qui ont prêché la bonne parole sur la toile sans jamais se décourager. Que penser de "The Muse Awakens", troisième véritable album du groupe américain, après un hiatus de presque trente ans ? Ça commence très fort je dois dire, avec "Contemporary Insanity" qui, à l’image du reste de l’album, propose un thème très attractif sans qu’il en soit pour autant instantanément et aveuglement adopté par nos trompes d’Eustache délicatement titillées. Avec une musique d’une telle richesse dans les structures et les arrangements (songez à Gentle Giant), les écoutes attentives et répétées sont impérativement nécessaires pour bien s’imprégner de leur univers ne laissant au demeurant aucune place à toute forme d’expérimentation aux contours abstraits. C’est avec joie que l’on retrouve d’emblée la signature si caractéristique de Frank Wyatt aux claviers, tâchant d’occulter tant que possible l’absence du pourtant essentiel Kit Watkins. Les deux nouveaux membres du groupe (David Rosenthal se substituant à ce dernier, et Joe Bergamini ponctuant de son nom la déjà longue liste de batteurs ayant transité par le groupe) s’insèrent sans problèmes à l’univers de Happy The Man. On peut dire, dans les grandes lignes, que cette nouvelle livraison est tout à fait honorable. Si vous aviez aimé leurs deux seuls albums, il y a peu de chance pour que "The Muse Awakens" vous laisse de marbre. Toutefois, je reste avec l’impression tenace que l’énorme potentiel mélodique qui définit le groupe n’a pas été exploité ici comme il se doit.