Keiji Haino › Tenshi No Gijinka

Keiji Haino nous avait impressionné avec son super groupe Fushitusha. Barge et imprévisible, l'ami dirigeait le groupe de main de maître avec son organe hystérique et son jeu de guitare convulsif. Le revoilà chez Tzadik pour un album solo de haute volée, ode à la méditation et à la danse transcendantale. Minimaliste à souhait, "Tenshi no Gijinka" joue sur des grands coups de cymbales doublées par une palette de chant vraiment ahurissante: entre hurlements incontrôlés et chant posé zen, en passant par des contorsions gutturale ou criarde. "Tenshi no Gijinka" est un disque d'ambiance, très théâtral. La musique est très minimaliste, presque inexistante, les notes sont longues et discrètes, et le chant grandiloquent. Si bien que l'on a vraiment l'impression d'assister à une pièce de ce fameux théâtre japonais masqué dont j'ai oublié le nom. On ferme les yeux et on voyage, on imagine les personnages, leurs tristesses sur leurs visages, leurs sourires illuminés, leurs danses suggestives et gracieuses, habillés de leurs magnifiques costumes aux couleurs rougeoyantes… Ce n'est qu'à partir de la chanson 6 qu'arrive un instrument à corde (une guitare vraisemblablement), nous transportant plus volontiers aux fin fonds des quartiers anciens, où l'on croise marchands, vieilles femmes et temple d'arts martiaux. La piste 7 nous conforte dans cette idée, avec ses instruments à vent presque joyeux, festif dans le sens où l'on se sent transporté en plein milieu d'une fête religieuse. Après ces deux intermèdes, retour au temple bouddhiste, avec ses moines et ses bougies. "Tenshi no Gijinka" est un disque zen, reposant, invitant à la méditation, au dépaysement et à la relaxation. Allongez vous, fermez les yeux, et laissez vous aller…