Lord Belial › The seal of belial

Enterrons the moonlight gate... d'abord parce que son souvenir pollue l'écoute de chaque nouvel album de Lord Belial, ensuite parce que le groupe lui-même s'est enfin décidé à le faire. "Angelgrinder" nous avait montré un groupe arrivé au bout de sa créativité, perdu dans une quête croissante de brutalité, de précision technique et de propreté sonore au détriment de toute musicalité; "The seal of belial" est le virage obligatoire que Lord Belial se devait de prendre. Le son reste un peu trop impeccable, la batterie surtout, mais s'en est heureusement terminé de cette fureur factice et de la sécheresse mélodique qui l'accompagnait; les suédois oeuvrent désormais dans les notes sombres et mornes, austères, dans la lourdeur et l'inertie. Le death est ainsi plus sensible que jamais, bien plus convainquant que sur le primitif "Angelgrinder". La parfaite précision des musiciens quitte le clinique pour l'impitoyable et le dark metal de Lord Belial s'enfonce dans la noirceur, débarrassé de son hémoglobisme simpliste. C'est désormais dans la gestion de l'alternance entre lenteur et vitesse que le groupe construit ses effets; breaks, blasts, pesanteur doom puis soli en volutes, le groupe excelle réellement dans sa manière de retenir les choses, de peser à coup de gros sons et de notes abyssales avant de tout lâcher, des démarrages dévastateurs à l'exécution millimétrée, bien plus proche de la maîtrise diabolique et savante que d'un terne professionnalisme que le souvenir d'"Angelgrinder" pourrait rendre prompt à dénoncer. Il ne s'agit pas de furies incontrôlées et sauvages, mais d'une augmentation terrible de puissance, de densité sonore et d'inertie. Profondément noir et brutal, le son de Lord Belial s'auréole toujours à l'occasion des choeurs de Marielle, d'acoustique et de claviers sporadiques, tout aussi satisfaisants que foncièrement inutiles, tant l'essence motrice des compositions se tient dans leur rythmique fondamentale et la tournure résolument charbonneuse de leurs accords. Le poids des riffs, la haute teneur du tout en ralentissements fatalistes, en notes de plomb, les vocaux d'orques et la lourde présence harmonique de la basse contribuent à l'élaboration d'un metal à la fois noir et pessimiste, entristé de mélodies justes et discrètes, à l'image du dramatique "Armageddon revelation". On peut regretter quelques baisse de régime, d'intensité, quelques fautes de goût attribuables sans aucun doute à un reste de penchant au manque de sincérité. Enterrons the moonlight gate, car ce nouvel album s'en va chercher ailleurs. Massif et noir, "The seal of belial" n'en demeure pas moins un album à l'ambiance obscure et puissante, pour peu qu'on sâche s'abandonner à son lourd pessimisme.