Sol Invictus › Lex Talionis

'Lex Talionis' est un album tranchant, à l'image de son titre. Si l'intro 'Blood and wine' pouvait charmer par sa douceur mélancolique, les percussions lourdes et le rythme lent, funèbre, de 'Lex Talionis' ont vite fait de rappeler les objectifs de la démarche...'Le monde est rempli de dieux et de bêtes' nous assène Ian Read sur lit de basse de plomb et de grincements de guitare, avant d'affirmer sur 'Black Easter' que 'Dieu est mort'... Le ton n'est pas à la franche plaisanterie. Peu d'éléments, des arrangements épurés mais très judicieusement employés; avec le renfort de son collègue et de Karl Blake à la basse (on pourrait presque croire qu'il s'agit d'un groupe), Tony opte pour un mélange de dark folk ('The ruins', 'Fields'...) avec une touche percussive appuyée et quelques expérimentations électriques ('Black Easter') probablement héritées de ses ex-collègues de Death in June. Niveau mélodique, rien à dire, c'est impeccable; certes Tony n'est pas un grand chanteur mais à l'instar de David Tibet (Current 93), il en tire le juste potentiel par un style personnel adapté aux textures des compositions, cédant de toute manière la majeure partie du temps le micro à Ian Read dont la prestation apporte un plus indéniable. Une chose est certaine, cet album, sombre et torturé à souhait, est une réussite, tant au niveau des mélodies que des atmosphères. Le ton froid et sévère côtoie la tristesse et la sensibilité en un subtil jeu d'ombre et de fer où s'affrontent l'aigle et la colombe.