Jumbo's Killcrane › Carnaval de carne

Je me rapelle vaguement d'un débat sur un site d'en face, à la fin duquel on arrivait à la conclusion qu'il suffit qu'un groupe de metal se mette à composer autre chose que de la mesure 4 sur 4 pour que les trois quarts des auditeurs metal se sentent complètement paumés... et bien on peut d'ores et déjà vous annoncer qu'avec Jumbo's Killcrane, çà n'a pas loupé ! Il suffit d'aller piocher des chroniques sur les quelques sites à tendance metallique auxquels Crucial Blast aura daigné envoier sa marchandise (drôle de politique de promotion soit dit en passant... vu la date de sortie du disque), pour bien vite vous rendre compte du manque de références que ce groupe peut susciter parmi les bourrins sans goûts que nous sommes... En même temps je ne sais pas pourquoi je vous raconte çà, Jumbo's Killcrane étant aussi metal qu'un canapé léopard phosphorescent spongieux, et moi aussi apte à y trouver des repères qu'un martinet eût-il pu s'envoler avec grâce du cul d'une goutière encombrée... Bref, pour entrer dans le vif du sujet, disons que Jumbo's Killcrane sludge et mathe, sans vraiment faire l'un ni faire l'autre. Parce que certes leurs riffs sont un peu baveux et puants, mais ils ne sont pas suffisament pourris, infects et doomy pour être revendicables d'une véritable affiliation aux chantres des égoûts... Et parce que certes, Jumbo's Killcrane jouent avec les mesures, sans se priver d'y ajouter une louche de temps en trop ou de temps en moins (je vous épargne bien volontiers le coup du batteur qui a une notion du groove aussi étrange que juste), mais leur version reste trop simpliste (généralement un seul schema tempique (?) par compo), et surtout reste un moyen de vous faire groover à mort, et non pas un but en soit, c'est à dire pas celui de vous transporter dans des mondes difficilement cernables où les carrés ont 78 côtés. Jumbo's Killcrane c'est justement un compromis parfait entre les deux (oui je sais, c'est quand même dingue comme j'arrive à me contredire d'une chronique à l'autre), çà groove à fond à coup de gros riffs baraqués pas forcement extrêmistes, mais suffisament tout de même pour que vous n'ayez pas l'impression d'écouter un vinyle de Korn sur un 11 tours (quoique). Çà râle, mais gentillement, et les vocaux sont certes d'arrachés mais pas non plus hystérico-psychopates (étant en plus entrecoupés de vocaux clairs ronchons). Par dessus le tout, les compos sont bourrées de petits arrangements mignons tout plein, des breaks miniatures où les grosses guitares ronflantes laissent place à quelques passages sans saturation quasi atmosphériques, voire où un solo stonerisant vient timidement voir se qui se passe, bref de quoi délinéariser des compositions qui auraient pu paraître trop "sans relief" à ceux pour qui le fait que l'on puisse considérer la vase comme une source intarrissable de fascination reste une interrogation majeure... Bref Jumbo's Killcrane c'est un peu tout çà : çà groove, çà tache, çà sludge de façon efficace, et surtout c'est attendrissant (ne me demandez pas pourquoi j'ai ce mot en crâne, mais il se bornait à bourrer contre mon front pour que je le place !), et si je puis me permettre de récupérer l'expression d'un collègue pour conclure cette chronique, je vais vous le dire moi : Jumbo's Killcrane, c'est de la tomme !