Faith No More › Angel Dust

Une chose est sûre : à l'époque cet album a surpris pas mal de monde ! En effet, 'Angel dust' marque un véritable tournant dans la carrière de Faith no more dans la mesure où le groupe créé un environnement et des textures sonores jamais vus. Cet album restera d'ailleurs le plus bizarre et le moins accessible de Faith no more. Le groupe de la côte ouest des États-Unis délaisse à la surprise générale le metal "easy listening" et se lance dans une musique torturée difficile à appréhender pour l'auditeur. Les vocaux se font plus méchants (Mike Patton utilise enfin toute la mesure de son fabuleux organe), la musique plus violente et tordue (Big Jim, pour son dernier album avec le groupe se donne à fond), l'atmosphère plus pesante... Bien sûr cet album n'est pas un chef-d'œuvre, mais je pense qu'il a vraiment permis à Faith no more d'acquérir une nouvelle dimension en frappant là où on ne l'attendait pas... et ça fait du bien !!! À noter que l'album est sorti à l'origine avec seulement treize titres, et que le quatorzième, une excellente reprise de Lionel Ritchie, fut rajoutée par la suite.

Inutile de chercher plus loin, "Angel Dust" est le chef d'œuvre de Faith No More. Un chef d'œuvre comme certains groupes sont capables de produire une fois dans leur carrière ("Disco Volante" de Mr Bungle, "Master Of Reality" de Black Sabbath ou encore "Jerusalem" de Sleep). Ici, on ne parle pas de metal ou de pop, mais de monument regroupant à merveille musique contemporaine, expérimentation et rock. Tous les musiciens sonnent juste, savent parfaitement maîtriser chaque note, chaque accord, chaque son, du moindre larsen aux nappes de clavier tout bonnement fantastiques. Proprement indescriptible, "Angel Dust" est à classer entre Claude Debussy et Bela Bartok.

Ce qui s'est révélé être un atout majeur pour le groupe sur "The Real Thing" va devenir le centre de toutes les attentions ; on a de la peine à reconnaître la voix du Mike Patton qui officiait sur leur troisième album en remplacement de Chuck Mosley. Ici, le bonhomme prend du coffre et se révélera, peu à peu, être sans contestation possible le chanteur le plus singulier des années quatre-vingt-dix avec un registre proprement hallucinant. Mais "Angel Dust" ne se résume pas à cela ; si Patton se montre plus mature, il en va de même pour le collectif au complet, laissant derrière eux ce rock basique mais enlevé qui faisait le bonheur des teenagers se goinfrant de chips en matant MTV. Faith No More inscrit ici son nom au panthéon des groupes rock mythiques qui auront apporté leur grain de sable à l'élaboration d'un nouveau langage. Incluant avec brio la magie des samples, la musique du groupe prend une dimension jusque là inimaginable. Des titres comme "Caffeine", "Malpractice" ou "Jizzlobber" sont autant de morceaux de bravoure qui font d’"Angel Dust" une passionnante aventure.