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Miles Davis › Sketches of Spain

cd • 8 titres • 60:43 min

  • 1Concerto de aranjuez (adagio)16.19
  • 2Will o’ the Wisp3:47
  • 3The Pan Piper3:52
  • 4Saeta5:06
  • 5Solea12:15
  • 6Song of Our Country3:23
  • 7Concerto de aranjuez (part one)12:04
  • 8Concerto de aranjuez (part two ending)3:33

informations

Enregistré au 30th Street Studio, New-York, les 15 et 20 novembre 1959, et le 10 mars 1960. Produit par Teo Macero et Irving Townsend

Cette réédition remasterisée 20-bits de 1997 par Sony Music nous permet de découvrir les deux extraordinaires parties manquantes du Concerto de Aranjuez par Evans et Davis, non présentes sur le vinyl original. Prolongeant ainsi l’extraordinaire musique de ce disque de vingt superbes minutes.

line up

Miles Davis (trompette), Gil Evans (direction)

chronique

  • cool orchestral atmosphérique...

«Miles Ahead» et «Porgy and Bess» sont légendaires, mais la troisième rencontre entre l’orchestrateur Gil Evans et Miles Davis reste pour moi la plus attachante, et la plus magnifique. «Sketches of Spain», comme son nom l’indique, prend pour base le folklore espagnol, des compositions originales de Gil Evans aux reprises de l’immense Falla et du célebrissime Concerto de Aranjuez. Colorée, chaleureuse, la musique de «Sketches of Spain» est avant tout extrêmement délicate, subtile et crépusculaire. Les rythmes sont retenus, les ambiances douces et calmes, mais des harmonies secrètes qui se révèlent soudain aux angoisses minimales qu’assurent les percussions et la basse ténébreuse, la tension est latente, l’étrange répand ses ombres sur les tapis soyeux de la lande espagnole. Là dedans se promène comme le maître des lieux Miles Davis au sommet, lui qui trouve par la transe en cette année 60 la voie du minimal, dont il fera le règne quelques dix ans plus tard, atteignant au solaire et explosant le jazz qu’il rendra électrique. Chez Evans, ce génie de la note épurée plonge par ses pleurs lunaires l’atmosphère hispanique et harmonique des «sketches» dans la lueur du soir. Les notes de Miles Davis, qu’elles s’enchaînent ou perdurent, sont empreintes d’atmosphère mais aussi d’émotions, et dans le cours tranquille de ce disque sorcier l’œuvre du trompettiste parle de pleurs et d’angoisses. L’homme ne s’étalait guère et c’est dans les échos, les non dits de ses notes que l’on voit s’exprimer, avec une grande pudeur, les tristesses de Davis. Le disque est une merveille. Orchestration légère mais puissamment subtile, matériau mélodique d’une qualité hors norme au service d’un soliste qui va sur du velours. Miles trouve la note profonde, suspendue et troublante, il va chercher l’aigu en des montées superbes au déroulement paisible, et il l’accroche au ciel en le faisant durer comme la seule chose qui fût parmi toutes les notes jouées. Un jazz atmosphérique à la profondeur paradoxale, à la richesse discrète, à la culture racée et dont la beauté douce se trouve illuminée du génie d’un soliste. Dix ans plus tôt Miles cherchait le cool en se souvenant d’Evans… c’est en le rencontrant qu’ensemble ils lui donnèrent son plus étrange chef-d’œuvre.

note       Publiée le mardi 4 novembre 2003

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    Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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    Il est brillant, c’est vrai. Mais c’est plutôt une collab. Miles se pose gentiment sur la direction d’Evans. Sur Kind of Blue par contre, on lui doit beaucoup plus que des solos. Aussi brillants soient-ils.

    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Toutafé. M'en vais le réécouter, tiens, pour la peine.

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    Dun23 Envoyez un message privé àDun23

    Amen

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Alors qu'on revient toujours à l'Ascenseur pour l'échafaud ou In a Silent Way quand on évoque le Miles atmosphérique (peut-être pour des raisons qui tiennent du pur cinématique, vécu ou évoqué), c'est finalement peut-être celui-là le plus grand. Solea en est sans doute le point d'orgue. Mais tout est immense là-dessus. Et ça n'est pas la peine de connaître le répertoire classique hispanique (pas plus que de connaître ses standards jazz par coeur ailleurs) pour être pris de sidération devant ce Miles-ci.

    darkmagus Envoyez un message privé àdarkmagus

    Etrange, personne ne parle de Saeta, pour moi meilleur thème de ce disque, bien meilleur qu' Aranjuez, surfait, limite ennuyeux . Mais la Saeta est un sommet de musique pure, où, entre deux tranches (intro et coda finale) de pur kitch réjouissant d'une ténébreuse et inquiétante fraîcheur, qui rappelle les processions lors des fêtes religieuses dans le sud de l'espagne où l'on exhibe des vierges noires, Miles, à capella, triture et écorche sa trompette et nous délivre une musique magistrale, magnifique de sobriété, sans aucune concession et qui touche au tréfond du malheur de l'humanité une des plus grandes oeuvres sombres du 20ème siècle musical. Enfin, ce n'est que mon avis.

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