Rob Zombie › Hellbilly deluxe

Je l’aime bien ce bon vieux Rob… White Zombies c’était tout de même pas n’importe quoi. Après avoir définitivement pété le boulard, le living-dread se lance dans le Spookshow International avec sa même bande de potes ; rock, metal, traitements electro-indus et interludes en guise de Monsieur Loyal, Zombie se fait plaisir et joue à la petite boutique des horreurs. Grosses guitares, grosse basse, batteur mécanique et vocaux râleurs, les nouvelles pièces de Rob sont désormais également travaillées à l’électronique. Traitements de voix, textures à gogo, le synthétique est partie intégrante du délire et de patterns rythmiques en passages atmosphériques réussis, Zombie et Humphrey augmentent la pression défoulatoire et l’ampleur du délire ; à l’arrivée voici un metal brut aux principes basiques et au squelette simpliste, entièrement réhabilité par son passage systématique à la moulinette electro-indus. Rien n'y échappe, des intros aux breaks en passant par la voix du Zombie ; à partir de méthode rock et vocabulaire binaire, «Hellbilly Deluxe», derrière ses faux airs d’escapade second degré, est une bien bonne chose, bien plus riche qu’il n’y paraît. L’affection bien connue du pépère pour l’hypnotique et le tribal trouve de nouveaux terrains dans les patterns en boucles, les sons récurrents et pénibles, la production à la hache des guitares, et les atmosphères spooky s’éclatent avec les sons, de «Perversion 99 » à «Spookshow baby», de l’intervention anecdotique au break instrumental atmosphérique et texturé. A l ‘arrivée voici un disque qui a beaucoup à voir avec le Killing Joke de «Pandemonium »… mais en insistant bien sur le côté Joke. Les transes lancées par les séquences et la hargne réelle du personnage accélèrent la puissance, la guitare est tranchante et épaisse, on secoue la tête et on saute sur place, c’est nerveux, poilant, efficace et délirant… et la myriade de petits arrangements, sonores ou mélodiques, assure cohérence, agressivité et richesse surfacique. On peut regretter néanmoins une forme de systématisme : l’approche électronique est la même quelles que soient la base mélodique, rythmique et l’ambiance harmonique… plutôt que de conforter chaque pièce dans sa particularité, la démarche de Zombie a malheureusement tendance à les aligner toutes sur le même modèle de produit fini. Peut-être la base des compositions, très primaires, y est-elle pour quelque chose… en attendant de rectifier le tir avec «The sinister Urge», Robbie Zomb commence tout de même son one-man show avec un «Hellbilly» de bonne facture, rudement bien fichu et dont la forte tendance synthétique n’enlève rien à la crasse… bien au contraire.