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Luciano Berio (1925-2003) › Laborintus 2

2 titres - 33:02 min

  • 1/ Première partie 19.08
  • 2/ Deuxième partie 13.51

informations

Enregistré au studio Davout, 1970, Paris. Prise de son : Claude Ermelin.

line up

Guy Deplus (clarinette), Jean-François Jenny-Clark (contrebasse), Michel Portal (clarinette), Christiane Legrand (soprano) ; Janette Baucomont (soprano) ; Claudine Meunier (contralto) ; Edoardo Sanguineti (narrateur) ; Ensemble Musique Vivante : Michel Portal, Guy Deplus (clarinette) ; Marielle Nordmann (harpe) ; Bernard Lubat (percussions) ; Luciano Berio (direction)

chronique

Préparez-vous au pire. Quoi qu’on ressente, quoi qu’on en pense, totalement hermétique ou immédiatement subjugué, insupportable demi-heure ou explosion géniale, n’importe quoi autiste ou révolution sonore, «Laborintus 2», soyez-en sûr, est au-delà de votre seuil de tolérance. Vous n’y trouverez aucune mélodie identifiable, aucun thème cohérent, aucune douceur… même dans les instants les plus ténus, les secondes étirées et interminables. Une première partie aux confins de l’atonale et de l’arythmie, aux éclats soudains de cuivres stridents, au ballet ensorcelant de sopranos illuminées, des à coups, des bris de verre… une superposition décalée et continue de notes qui s’ouvrent et se rencontrent dans la longueur interminable d’une progression de décibels apocalyptique… et ces trois femmes ahuries qui poussent des petits cris, qui se bloquent tout à coup dans une note suraiguë qu’elles tirent sans cesse plus loin jusqu’à ce que le chaos des autres instruments finisse de nous faire mal. La beauté des instants suspendus en plein déséquilibre, perchés sur un faux ton, les agressions atroces des éclats instrumentaux qui surgissent à la gueule et vous vrillent la raison… et ce Sanguineti qui raconte son histoire comme si de rien était en prenant très grand soin de sa langue italienne. Putain de sorcières… aucun répit, aucun repos, elles attaquent et virevoltent, elles dansent autour de vous alors que vous mourez, chantant n’importe quoi pour vous rendre malade et semblant confortées dans leur folie atroce par le sabbat bruitiste des instruments horribles. Ca papote, ça jacasse, ça piaille comme des poulets puis ça se jette sur vous pour sucer vos neurones… avant de vous laisser à la deuxième partie, longue suite jazz et acide aux textures électroniques accélérées et terriblement désagréables. En 1965 Berio est en pleine vision : ce deuxième quart d’heure qui clôt «Laborintus» reste quarante ans plus tard juste et avant-gardiste. Ces sons… ces sons… des rebonds métalliques dont on tire les fréquences trente ans avant Aphex et qui traversent en vol la musique de free jazz aux accents hystériques qui sprinte en base sonore. Au cœur de cette prouesse l’immense maître italien va passer des minutes à jouer sur le silence de ses forces synthétiques pour des lieux d’atmosphères et d’expériences sonores d’une finesse impensable. Préparez-vous au pire : pour le 700ème anniversaire de la naissance de Dante, Berio a composé l’enfer et la folie… prisonnier visionnaire jusqu’à la fin des temps.

note       Publiée le mercredi 29 octobre 2003

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    (Mais qu'est-ce qu'y dit ? Sick sick sick ?)

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Scelsi, j'en connais un qui serait capable de le faire. Mais il n'a même pas les couilles de briser le LAShTAL

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Sheer-khan et Trimalcion ont bien défriché l'approche de la musique contemporaine et de la musique électro-acoustique/concrète/acousmatique, ça aide, même s'il en manque, quid de Boulez, Murail, Grisey ou Scelsi par exemple ?

    empreznor Envoyez un message privé àempreznor

    Ca tombe bien car je l'ai aussi reçu aujourd'hui le Sinfonia/Eindrucke (que je vais ecouter sous peu, mais pas tout d'affillée). Et vis-à-vis de la musique concrete et d'un pan de la musique classique contemporaine je me considère comme un "laborieux", j'achete souvent avant d'apprecier les disques les plus recommandés; je sais que ce sont ceux qui me demandent le plus d'investissement personnel et d'ecoutes pour comprendre enfin.

    Note donnée au disque :       
    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Faust, déclinaison de Berio dans le monde populaire, oui pourquoi pas, je ne suis pas sur que les intéressés revendiqueraient cette façon de voir les choses et de plus Berio ne se résume pas à ce "Laborintus 2", écoute la "Sinfonia" quand tu recevras le disque Empreznor et plus tard son cycle des "Sequenzas" (14 "séquences" d'études pour un seul instrument différent à chaque fois) ou ses musiques pour quatuors à cordes. On peut y voir de la "branlette intellectuelle" certes, n'y voir que ça même, on peut aussi s'intéresser de prêt à la chose et faire l'effort d'aller au delà puisque c'est sa démarche propre, chose que beaucoup font sans aucun problème pour certains disques pop plus aventureux ("666 international" de Dodheimsgard demande autant d'effort pour un néophyte comme moi pour rentrer dedans), enfin je ne dis pas ça pour toi puisque tu fais déjà l'effort d'acheter les disques.