Malice Mizer › Bara no Seidou

Une plage grandiloquente d’orgue à la J.S Bach, nuit sur cathédrale, ainsi débute ‘Bara no seidou’ le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre de Malice Mizer et leur travail le plus sombre. Rien de surprenant à cela, le groupe est alors dans une très mauvaise passe, il vient de renvoyer son second chanteur et surtout de perdre tragiquement son batteur. Accouché dans la douleur, cet album marque donc un tournant sans retour dans leur carrière. Exit le rock pop kitsch excentrique et les tenues délirantes (quoique…), bonjour les robes noires, les maquillages blafards et les atmosphères de cathédrale. Véritable opéra funèbre ou messe gothique, le disque nous entraîne dans une symphonie macabre et grandiose qui mêle avec brio Bach, Le Fantôme de l’Opéra et un gothique teinté de discrètes touches de métal et d’electro. Beaucoup d’orgue et de clavecin donc, mais également des chœurs, des violons, quelques percussions lourdes et des guitares. Si certaines pièces opèrent dans une veine néoclassique, voir symphonique, d’autres comme ‘Kyomu no Naka de no Yuugi’ ou le splendide ‘Chimamirareta kajitsu’ mélangent gothique électronique, voix industriels, guitares death dans un furieux maëlstrom de passion, de violence et de noirceur. ‘Chikasuimyaku no meiro’ et sa harpe triste ou ‘Saikai no chi to Bara’ représentent l’aspect le plus mélancolique de l’album. Le travail au niveau du chant est grandiose, notamment sur ‘ Hijiri Naru toki eien no inori ‘ où les voix de Maki Okada (soliste féminine) et Klaha (mentionné comme le ‘fourth blood relative’, sans autre indication, mais qui restera définitivement au poste de chanteur de Malice Mizer par la suite) s’entrelacent, se répondent dans une atmosphère poignante alternant calme et tempête, avec le support d’une chorale. Certes, certains passages, notamment sur ‘Hasei no hate’, ont un aspect un peu métal-opéra qui n’est pas forcément du meilleur goût mais ils sont heureusement rares et ne gâchent nullement la beauté de l’ensemble. Cette fresque gothique est de plus livrée dans un packaging superbe sous forme de livre avec de magnifiques photos ; le groupe s’est donné les moyens de ses ambitions, conservant un contrôle absolu sur tous les aspects de l’œuvre, et ‘Bara no seidou’ répond en tous points à ces hautes exigences esthétiques.