Ex-Girl › Back to the mono kero!

Les japonais ne se sont jamais montrés avares en excentricités en tout genre. Les Ex-Girl est la dernière en date et elle fait sensation partout où elle passe. Produit par Hoppy Kamiyama, figure emblématique incontournable de la scène alternative japonaise et fondateur du label God Mountain, ce trio de japonaises aussi attrayantes que délurées ne sont pas un avatar des autrefois célèbres Shonen Knife. Leur univers est bien plus décadent et bien plus riche que ne le fût celui des ex-grunge girls. Avec des accoutrements aussi flamboyants que grotesques, elles se sont dotés d'une imagerie typiquement japonaise, c'est-à-dire complètement hors normes, décalée. Des (mignonnes) extra-terrestres. Des Residents à la sauce manga. La musique qu'elles pratiquent n'est pas loin non plus de ce rapport iconoclaste, sans jamais pour autant laisser l'auditeur face à lui-même, complètement désemparé. Il y a toujours ce côté japanese pop qui donne à certaines de leurs chansons un aspect plus désuet, mais de manière générale, outre un chant un peu doux dingue - mais cependant toujours parfaitement maîtrisé - on soulignera surtout l'exigeance de leur écriture que leur côté extraverti a parfois tendance à minimiser. Avec des parties de guitare souvent bien acides et répétitives comme les affectionnent particulièrement votre humble serviteur ("Ajio Fry", "Gween-Kong-Zee", "Cucumber Surrender"), on a parfois l'impression d'assister à la collision des genres entre les meilleurs éléments de certains grands noms du prog (King Crimson pour la gratte, Zappa pour le côté foufou, Magma pour les effets vocaux) et ce que la scène no wave avait produit de mieux à l'époque (les B-52's, Devo, The Stickmen, Material, James Chance, ...), le tout saupoudré d'une pointe de modernité désinvolte à la Sonic Youth. "Back to the Mono Kero!" est un album gratifiant à plus d'un titre. Frais et audacieux à la fois. Jamais ennuyeux.