Locanda Delle Fate › Forse le lucciole non si amano piu

L'album de Locanda delle Fate est considéré - et à juste titre - comme le dernier classique du rock symphonique italien. Quoi de plus normal puisqu'il est dominé par deux claviéristes, dont un piano omniprésent. Seul disque de l'histoire du groupe, sa notoriété poussera d'abord le label Mellow à publier un disque en concert sans intérêt, pour ensuite aller jusqu'à provoquer la reformation du groupe quelques quinze ans plus tard, pour une suite qui n'a comme seule et triste répercussion que de ternir l'image d'un unique album, celui qui nous occupe, "Forse le Lucciole Non Si Amano Piu", qui se suffisait, ô combien, à lui-même. Publié sur Polydor en 1977, on trouve sur ce disque tout en subtilité cette suave mélancolie qui a fait de "Wind & Wuthering" le disque le plus introverti et le plus sensible de toute la carrière de Genesis. Pour atteindre ce résultat, pas moins de sept musiciens ont travaillé à l'exécution de cet album somptueux aux fragrances automnales, traversé, en long, en large, à rebours et de biais, de nombreux et richissimes thèmes enchevêtrés et de mélodies d'orfèvre qui n'ont pour but que de mettre à genoux tout amateur de belles choses qui se respecte. On l'aura compris, bien que regorgeant d'une sensibilité à fleur de peau, cet album n'en est pas pour autant fait de guimauve ; la complexité des arrangements où se disputent vibraphone, flûte et autre orgue Hammond, nous renvoit, elle, aux plus belles heures de Gentle Giant. Les fines bouches se plaindront sans doute d'un chanteur par trop charismatique, voire même caricatural, en ce qui concerne l'esthétique transalpine ; la voix rocailleuse de Leonardo Sasso n'est peut-être pas, en effet, celle qui convient le mieux à l'atmosphère générale dégagée par l'ensemble du groupe. Chose qui,de plus, est confirmée par un des titres bonus de la présente édition, "New York", à la beauté désarmante. L'un dans l'autre, "Forse le Lucciole Non Si Amano Piu" reste un grand cru de rock symphonique qui n'a rien à envier aux formations anglo-saxonnes.