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Robert Schumann (1810-1856) › Concerto pour piano en la mineur

6 titres - 66:17 min

  • 1-4/ Edward Grieg :
  • Concerto pour piano en la mineur op.16 33.35
  • Robert Schumman :
  • Concerto pour piano en la mineur op.54
  • 4/ Allegro affettuoso 16.23
  • 5/ Intermezzo (andantino grazioso) 6.10
  • 6/ Allegro vivace 11.09

informations

Il s’agit de la deuxième moitié de programme du disque chroniqué, la première étant le concerto pour piano de Edward Grieg, chroniqué en lieu et place. Ces deux concertos sont de fait très fréquemment (et logiquement) associés au disque. La version chroniquée est celle de Claudio Arrau de 1963 avec Antal Donahyi à la baguette. Il existe néanmoins de nombreuses versions de ces deux pièces, toutes deux au sommet du répertoire du genre. Je conseille particulièrement, outre celle-ci qui à l’avantage de présenter le toujours génial Arrau associe celui d’être rééditée dans la collection phillips Eloquence à prix économique, les versions de Murray Perahia dont la pochette est ici présentée, ainsi que celles de Richter évidemment, chez Emi, lui même réédité en collection spéciale. Pour le concerto de Schumann seul, il existe aussi les magnifiques versions de Clara Haskill (phillips), et de Gyorgy Sebok pour l’édition Schumann à Leipzig, où il est associé au magnifique concerto pour violoncelle (Erato).

line up

Claudio Arrau (piano) ; Orchestre Royal du Concertgebouw ; Christoph von Dohnanyi (direction).

chronique

  • musique concertante-romantique

Voici donc le frère du concerto pour piano de Edward Grieg. Frères de forme, tous deux en La mineur, tout deux en trois parties pareillement hiérarchisées, tous deux quintessence romantique et fruit unique d’un maître du piano seul. Comme chez le norvégien on retrouve la multiplicité des rapports, le piano est tour à tour soliste, leader, simple atmosphère ou mélodie pure ; l’orchestre le soutient ou l’intègre, le porte aux nus ou l’étouffe. Là encore le tourment, la tristesse, la douce mélancolie et la folie anxieuse sont les divers visages d’un même sentiment fondamental : le désespoir, ici. Plus encore que Grieg, Schumann confronte son soliste au hautbois, clarinette et autre cor, laisse un bois installer la tournure mélodique et l’atmosphère automnale avant que le piano ne fasse son bel office. L’allegro d’ouverture est ainsi une prouesse structurelle merveilleuse ; l’orchestre, le piano, le hautbois... à chacun son tour, à chacun son dynamisme, la puissance de l’un, la richesse de l’autre, l’acoustique si particulière du troisième se laissent la place, se font honneur et révérence, se superposent et dansent à l’infini dans un mouvement dynamique incessant, au long duquel s’exposent les thèmes les plus fins et les mélodies les plus belles, s’affirment les éclats d’orchestre et cuivres les plus solennels et victorieux… un jeu de montagnes russes dynamique, rythmique et mélodique à la fluidité pourtant exceptionnelle, grâce à la fascinante alchimie instrumentale mise en place par le maître dérangé, qui ne l’oublions pas, se jeta dans le Rhin. Là encore la mélodie reine et le génie des thèmes font de cette pièce à la facture académique un joyau imprenable. Schumann installe une larme délicate et gonfle peu à peu la crise inévitable ; des violons prennent leur envol et emmènent le piano, la rythmique s’accentue, les cuivres grondent au loin… le thème change de visage et se fait volontaire, les cuivres se rapprochent, les timbales sont entrées : finis les trois sanglots, c’est l’heure du désespoir. Le caractère névrotique du personnage Schumann imprima toujours à sa musique une partie d’imprévisible, une recherche en cours, un sens de la surprise qui peut le faire soudain éclater d’optimisme après une longue montée qui semblait d’épouvante. Durant cette longue et très riche demi-heure, Robert Schumann ne nous laisse aucun choix, nous emporte sans ménagement par l’incontestable brillance de ses thèmes, l’intelligence de ses gestions : instruments dissociés, réunis, échappés solitaires et retrouvailles fanfares… un allegro vivace qui achève la prouesse à coup de mélodies tire larmes totalement sublimes, où se mêlent les étoiles du piano, les violons harmoniques et les voiles sous le vent des cors et des hautbois, les accès orchestraux éclatants et «vivace»… les rencontres de notes les plus troublantes qui soient. Schumann était profondément souffrant, un esprit traversé de tempêtes insoutenables qui eurent raison de lui bien avant la vieillesse. Ses oeuvres en sont marquées, romantiques entre toutes, et son unique concerto pour piano, figure incontournable, incarne bien ce mal. Rappelons le : notre site se consacre notamment aux musiques sombres. En voici un exemple… un des plus grands sans doute.

note       Publiée le dimanche 6 juillet 2003

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    Girardasse Envoyez un message privé àGirardasse
    Magnifique concerto pour piano, un de mes preferes avec le 23 de Mozart et le 3 de Beetoven. Je ne connais pas la version d'Arrau mais j'aime beaucoup celle d'Haskill..
    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
    avatar
    tout à fait d'accord... la chronique s'impose, mais hélas, le temps me manque... :-(
    Arno Envoyez un message privé àArno
    A écouter absolument aussi, le concerto pour violoncelle, qui marque un peu le sommet de la folie de Schumann...
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    hautbois* pas clarinette*
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Le premier mouvement est difficile à encaisser... Trop triste, trop noir, un thème principal trop parfait... C'est grandiose... (Difficile d'écouter la suite après ça...)... Ce feeling jazzy des cuivres, cette clarinette qui nous emporte dans un tourment de mélancolie... Puis la furie de l'orchestre et surtout sa redescente, un des plus beaux passages qui soient...
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