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Tricky › Juxtapose

  • 1999 • Island 546 432-2 • 1 CD

cd • 10 titres • 35:38 min

  • 1For Real
  • 2Bom Bom Diggy
  • 3Contradictive
  • 4She Said
  • 5I Like the Girls
  • 6Hot Like a Sauna
  • 7Call Me
  • 8Wash My Soul
  • 9Hot Like a Sauna [Metal Mix]
  • 10Scrappy Love

extraits vidéo

informations

USA, 1998 - 1999

Crédité à Tricky with DJ Muggs and Grease

line up

Tricky (chant, production), DJ Muggs (chant 3, production 7, 8), Dame Grease (production)

Musiciens additionnels : Mad Dog (chant, compositions), Adam7 (guitare), Rich Keller (basse), Flo (batterie), Reggie Stewart (claviers, guitare, basse), Reggie House (guitare, basse), Bob Khaleel (chant), Kioka (chant), D'NA (chant)

chronique

"Juxtapose" est bref ; une demi-heure à peine. C'est aussi (et surtout) la réaction orgueilleuse d'un artiste qui se voit dans la position délicate et déplaisante de devoir rendre des comptes à celui qui l'emploie ; sa maison de disques, Island, la même qui foutra dehors Tom Waits et que Tricky rejoindra sous l'étendard de Anti d'ici peu. Il joue ici le quitte ou double. Et nous savons tous déjà que cela va être l'échec. L'échec cuisant même. Pourtant, Tricky essaye sincèrement ici d'étoffer sa palette sonore en allant dans des directions inédites pour un personnage aussi fantasque que lui ("For Real" ou "Contradictive" avaient de quoi devenir des singles potentiels, aussi prometteurs, si pas plus, que ce qu'il nous livra sur "Maxinquaye"). En dépit de ce qui apparaît comme une collaboration ponctuelle avec Dame Grease (producteur de DMX) et DJ Muggs (de la galaxie Cypress Hill), "Juxtapose" s'apparente plutôt à un exercice de style forcé et mal fagoté, un collage boîteux où la rencontre, si au final rencontre il y eut, ne produisit aucunes étincelles. Si "Call Me" a ses moments, il lève un coin du voile sur une rupture qui en dit long sur le niveau de difficulté face à laquelle Tricky doit désormais batailler : l'absence de Martina Topley-Bird - remplacée au pied levé par D'Na - qui apportait pourtant tellement à son univers. Autre élément significatif : le déjà peu engageant "Hot Like a Sauna" hérite d'un remix au sein même de l'album, l'aidant à s'ériger au delà de la barrière fatidique des trente minutes. Vous avez dit remplissage ? Avec ce disque, du haut de son arrogance teintée d'ignorance, Tricky a voulu faire d'une pierre deux coups : clouer le bec à ses produteurs en relevant la tête. En réalité, il s'est complètement discredité et a fini par partir, la queue entre les jambes.

note       Publiée le dimanche 15 juin 2003

chronique

Juxtapose n'est pas un mauvais album de Tricky, non. La comparaison avec Angels with dirty faces lui est fatale, certes, mais la comparaison avec certaines de ses daubes des années 2000-2010 lui est bénéfique. C'est étrange à dire vu qu'il a été comme un premier contact détaché avec la musique de Tricky, en soirée, mais avec le recul je me sentais le devoir de rééquilibrer sa place dans nos archives. C'est un Tricky fainéant, mais ça, il l'a toujours été... Oui, le premier morceau devait inquiéter au moment de la sortie, pour ceux qui avaient trippé sur les précédents... On le zappera volontiers, pour aller savourer sa suite. En effet difficile de nier l'évidence : nous ne sommes plus asphyxiés comme avant par la musique du Kid. Après quelques fricotages dans le secteur, Tricky travaille aux US. Il devient aussi pop, et un peu hip-hop forcément (la présence de MC's n'était vraiment pas indispensable pour le coup). Et il signe son premier album récréatif et décousu, même s'il n'a jamais du genre à faire dix fois le même morceau sur un album et du genre à conceptualiser des albums cohérents et profonds, égrenant ses humeurs de phalène au gré des visions que lui envoient les samples... Adrian fait les choses comme elles viennent, il a toujours été comme ça. Et quand il rencontre Muggs et Grease, ce qui aurait pu donner un album aux sonorités 100% plastiques (puisque Muggs est sur le point de commettre la daube Skull & Bones) donne en l'état ce petit album hybride dispensable mais très écoutable, de Tricky tous publics, avec certes du plastique ("I Like the Girls" et "Hot Like a Sauna" violon-raps gentiment péraves typiquement late 90's, dans lesquels on s'attend à entendre rugir DMX, même si le second est plus typé british electro), agrémenté de trois titres glauquasses-étranges comptant parmi ses meilleurs : "She said" (obsédante, j'y peux rien) et les gothiques "Wash my soul" et "Scrappy Love" (assez imparable celle-là, des fois il suffit de pas grand chose, en l'occurence une bonne ligne de basse et un piano), le reste étant tout à fait charmant en écoute de nuit, des titres anecdotiques comme "Bom Bom Diggy" ou le petit parfum californien de "Contradictive", qui passent sans problème à trois heures du mat', comme du Tricky pour clopes plutôt que pour blunt... Encore une fois, un album mineur pour Thaws, mais un album de trip-hop patchwork bien chaloupé, même si je comprends bien pourquoi Progmonster l'a puni de la sorte (la rupture artistique avec Topley-Bird a été une terrible amputation, le condamnant à chercher ses partenaires là où il pouvait comme ces hommes cherchant le réconfort dans les bras de filles frivoles après une aventure passionnelle). En 1999, on était encore en 1999.

note       Publiée le jeudi 2 juillet 2015

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Note moyenne        11 votes

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Le dernier bon ? Même pas, y a encore Knowle West Boy après, que je vais faire suivre de ce pas. Evidemment, Thaws est passé dans sa période "beats qui claudiquent plus", on sent de moins en moins l'asthme ; mais y a encore un truc qui se passe ; des échos de Joy Division, en l'occurrence, et un petit reste de température, on va dire un petit 38°5.

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nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

Plus encore que le départ de Martina c'est la faible implication de Tricky à la prod (aucun crédit sur la moitié des titres) qui trouble et déçoit. La participation de Muggs est anecdotique et Dame Grease j'aime son travail sur le premier DMX mais je ne suis pas convaincu que l'idée était bonne. L'album n'a rien de honteux, il est même plutôt pas mal, mais c'est un drôle de compromis où personne ne sort vraiment gagnant.

Message édité le 02-04-2023 à 08:52 par nowyouknow

Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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C'est sûr que 'Scrappy love' et 'Wash my soul'...Le reste, bof.

Aiwass Envoyez un message privé àAiwass

J'ai découvert Tricky avec celui-ci... j'en ai gardé ni bons ni mauvais souvenirs, juste une impression de banalité, à part peut être "she said", pas dégueu du tout... pis pour la noirceur, sûr, on repassera, pas une seconde on ne se sent étouffé, le comble pour un album du Kid... mais il ne mérite assurémment pas la note minimale.

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Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca
et bah , a la ré-écoute , il passe étonnament bien , bien plus digeste que blowback , bien moins décevant . Je dirais même qu'il est plutot bon !
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