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Deftones › Deftones

cd • 11 titres • 47:14 min

  • 1Hexagram
  • 2Needles and Pins
  • 3Minerva
  • 4Good Morning Beautiful
  • 5Deathblow
  • 6When Girl Telephone Boys
  • 7Battle-axe
  • 8Lucky You
  • 9Bloody Cape
  • 10Anniversary of an Uninteresting Event -
  • 11Moana

informations

The Spot, Sacramento CA ; Studio X, Seattle, WA ; Larrabee Studios, West Hollywood, CA

Le disque contient une partie multimédia avec vidéos, photos, et bonus divers

line up

Stephen Carpenter (guitares), Chi Cheng (basse), Abe Cunningham (batterie), Frank Delgado (samples, claviers), Chino Moreno (chant, guitare)

chronique

Quinze ans. Cela fait maintenant quinze que le groupe s'est formé dans la petite ville de Sacramento. De la mélodie nerveuse d'Adrenaline aux univers post-héroïnomanes du poney blanc, les Deftones se sont tant bien que mal forgé un nom au sein de la scène alternative. Piliers malgré eux d'un mouvement mort-né dont ils auront tantôt fait de s'émanciper, les Deftones voguent, d'album en album, proposant à chaque nouvelle offrande un son singulièrement différent, sans pour autant prétendre à la sacro-sainte originalité. Si cet album a été si long à attendre, c'est que chacun allait se changer les idées au sein de ses side-projects personnels, Kush, Bamboo parachute, Team sleep, et j'en passe. On a par ailleurs eu très peur pour le groupe, lorsque Stephen montrait un début de lassitude lors des dernières tournées, ne jouant même plus le jeu des rappels, ou pour parler clairement, s'emmerdait sec. Il faut dire que si Chino avait plus ou moins tiré les rennes du poney blanc selon ses propres influences, Stephen avait sans nul doute en tête de reprendre le contrôle du fiacre un jour ou l'autre, de préférence avant que l'une des roues ne cède. Début 2003, nous apprenons que le nouvel album sera finalement baptisé 'Deftones', montrant par-là même la ferme volonté du groupe de marquer le pas. Cependant, très peu d'informations filtrent, si ce n'est le fameux 'loud and heavy' utilisé par le groupe pour décrire son propre son. Alors non, je ne vous dirais pas que cet album est une bombe, car la richesse et la qualité des albums de Deftones ne vous petera jamais à la gueule, quand bien même la production serait extraordinaire - et Dieu sait qu'elle l'est - car les Deftones ne vous feront jamais le coup du pétard mouillé, il n'est pas question de tape à l'oeil ici, mais de compositions extrêmement travaillées, au niveau des arrangements vocaux, des samples parcimonieux, de mixage judicieux pour chacun des titres, des guitares toujours à leur place. Car ce nouvel album, tout comme ses trois prédécesseurs, ne prend sa véritable mesure qu'après de nombreuses écoutes, sans doute douloureuses pour ceux qui, comme moi, ne trouveront pas ici de pousses déroutantes et innovantes comme un Knife party ou un Mascara. Mais c'est aussi là la grande force de ce disque, qui contient secrètement tout ce que le groupe a su faire durant ces quinzes années de travail commun : de la puissance, de la profondeur, des riffs imparables et beaucoup de justesse. Bien sûr il y a des surprises dans ce disque, 'Lucky you' et 'Anniversary of an uninteresting event', car Deftones, c'est avant tout l'histoire de cinq personnes aux horizons musicaux totalement différent, de la new wave au reggae en passant par le metal lourd, le hip hop, et la poésie, cinq personnages extirpés d'origines et d'éthnies différentes, et ce sobrement nommé 'Deftones' est là pour les souder. C'est un album fédérateur, qui réunira aussi bien les fans de première heure, que les accros aux influences new wave du Chino, et c'est bien là que ce disque prend tout son sens. Alors, si vous pensez encore que les fans de Deftones ne sont qu'une bande de gamins en recherche d'identité, frôlant à peine les quatorze ans ou écoutant Meshuggah pour faire peur au voisin, faites moi le plaisir de mettre vos a prioris de côté, et jetez une oreille plus qu'attentive à ce disque. Ensuite, on reparlera de black metal si vous le désirez.

note       Publiée le vendredi 30 mai 2003

chronique

"Vous avez la plus belle tête de mort que j'ai jamais vue", aurait déclamé Salvador Dalí à Amanda Lear lors de leur rencontre... Enfin, ça c'est ce qu'Amanda racontait à Gala (le magazine, pas la muse). Rien ne le prouve. De même, rien ne prouve que ce Deftones sans titre soit vraiment un grand Deftones... aux premiers contacts. Il est dense, opaque. Il n'est pas facile à saisir, trop chargé. Il a quelque chose de mat, d'hermétique dans son son, ses manières. Dans sa façon de faire du Deftones défensif, sensible mais lové dans les barbelés. Se mettant en boule, comme un hérisson massif, tout en riffs et boursouflures... Une tumeur de Deftones. Confusion émotionnelle.

Cet album mastard a parait-il coûté bonbon, comme l'Untouchables de leurs amis moins "alt-cred". Et même si très différent, il est aussi hénaurme et constellé de sons lourds-hantés que ce dernier... Et tout aussi sous-estimé. Encore aujourd'hui, ne passe-t-il pas pour le Deftones le moins intéressant ? Et pourquoi, à votre avis ? Parce que c'est un album exigeant, indigeste. Parce qu'il est cette singularité gravitationnelle dans la discographie, façon étoile noire s'effondrant sur elle-même. Parce que cet album était en 2003 une preuve manifeste de repli sur soi, plutôt que de séduction FM, pour qui prédirait naïvement que Deftones évolueraient vers un son plus facile, plus pop, plus stades, comme s'ils y étaient condamnés... Que du contraire ! Cet album joue longuement avec l'auditeur, ce qui laisse le temps à ce dernier de savourer la phase de découverte, s'étalant - les témoignages sont nombreux - sur des années. Deftones ont choisi le monolithisme et la complexité, mais sans perdre l'émotion en cours de route. Plutôt en la diluant - non sans sadisme - dans un maelström métallique. Un grand manoir des cœurs brisés, qui demande un temps d'accoutumance, pour discerner les lignes dans ce gros bloc en roses et ronces. Un album tressé d'ombres lourdes, d'émotions évanescentes. Deftones y sonne encore plus malade que sur White Pony... Mais tout du long, en filigrane. "Minerva" serre, s'oublie, lestée et pourtant légère, on y revient, comme à un morceau shoegaze qui aurait à en remontrer aux ténors du genre. "When Girl Telephone Boys" : le neo se confond avec le metal extrême, via Chino, pareil, dilution dans les méninges... En fait, chaque morceau s'oublie, au début, avant qu'on y revienne comme à un puits aux reflets magnétiques. Il n'y a pas de "Digital Bath" sur cet album, non, pas de "Knife Party" non plus... Pas de coup de foudre... Plutôt des yeux de cyclone, où tout secoué et paumé on essaie de percevoir, à travers les vents électriques tournoyants, le spleen tant convoité. Et en même temps ce spleen est partout, omniprésent, si on focalise sur Chino L'Amoroso, lui qui semble n'avoir jamais été aussi gracieux dans son océan de gémissements. Ceux qui prennent cet oxymore vocal hors-normes pour un simple nounours neurasthénique, ne réalisent pas les contrastes vertigineux qu'il est capable de déployer, souvent sur un même titre... Cet album en est la preuve éclatante. Chino est la sève, coulant dans les ruines d'un White Pony devenu amas de riffs noirs et compacts, en versions difformes, bains de mazout existentiel, buées de plomb. La brutalité et la sensualité qui s'inter-pénètrent. Une fusion totale, celle de Deftones en crise de maturité, qui condense son envie de pogo-lochon résurgente des années Adrenaline dans l'entame furax "Hexagram", neo-screamo-mathcore qui peut mettre les nerfs à rude épreuve. L'ouverture est rarement un fidèle indicateur de contenu avec Deftones ("Feiticeira" par exemple n'est que White Pony par le petit bout de la lorgnette) et peut comme ici n'être que le titre le plus bourrin du disque, qui va nous y jeter sans délicatesse. On lui préfèrera sans hésiter "Battle-Axe", verticale, sensuelle, immense, fatale, qui évoque un mutant entre Afghan Whigs et Kill the Thrill. Une vraie merveille, un summum de Deftones... Je passe toutes les images qui me viennent à l'écoute de ce titre, de ce disque, car on en aurait pour la nuit - et que j'en ai passé assez de blanches à noircir mes songes, pour tenter de mieux cerner cette difformité passionnelle.

Une chronique superfétatoire et trop bavarde, encore... Mais surtout une déclaration d'amour pour cet album qui est tout sauf le Deftones le plus évident, et au final celui sur lequel je reviens avec la sensation de le redécouvrir, encore et toujours. Réalisant à quel point cette pochette est celle qui résume le mieux leur son, sans chichis (RIP) : la romance et la pulsion morbide... Eros/Thanatos : encore cette éternelle rengaine, qui nous arrive dans la gueule façon kaijū dans le magasin de porcelaine, nous asphyxie, nous soulève. Et "Moana", qui nous laisse sur cet arrière-goût d'amertume et de résignation, sur un refrain comme une moue au loin, dans les brumes balafrées... Putain de groupe. Putain d'album.

note       Publiée le vendredi 26 mars 2021

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Note moyenne        44 votes

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Ultimex Envoyez un message privé àUltimex

Une boule supplémentaire bien méritée pour célébrer ses 20 ans.

Message édité le 31-05-2023 à 23:17 par Ultimex

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dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
avatar

J'écoute les Deftones 20 ans après tout le monde, donc vierge du foin contemporain des sorties, et je me dis que cet album est tout à fait excellent. Il m'a plus immédiatement accroché que les suivants, en tout cas (c'est peut-être son problème ?!?)

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kaoadonf Envoyez un message privé àkaoadonf

Pour moi l'un des meilleurs Deftones, Minerva, je ne sais pas pourquoi, mais je l'ai adoré et je l'adore toujours (surement le riff principal)

Kissthecatconcept Envoyez un message privé àKissthecatconcept

On fait un sacré voyage sur celui-là ! Mélange à bout de tripes shoegaze, post core, metal neo, post tout ça finalement, réminiscences post punk-new wave, iconoclaste en fait, échappant à toute classification, pour en faire juste du deftones, juste du deftones.

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nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

Le seul Deftones vers lequel je reviens de temps en temps, peut-être poru le supplément de haine qui l'habite.

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