Bloem De Ligny › Zink

Quand surgit son album "Zink" en 1998, on croit presqu'à un poisson d'avril avant l'heure tant la supercherie paraît évidente. Voici une jeune artiste hollandaise qui, non contente d'avoir un timbre de voix similaire à celui de Björk, tente de cultiver l'originalité de son monde, en alimentant, de plus, une ressemblance physique étonnante dont elle aurait tort de ne pas tirer profit. Elle ne se gênera pas pour nous et réussit l'exploit de séduire et de convaincre ceux qui trop vite auraient été tenté de la mettre au bûcher pour plagiat pur et simple. Si elle s'en inspire, Bloem De Ligny n'est pas Björk. Et ce qui est agaçant chez l'une peut devenir un atout chez l'autre. Ainsi, si toutes deux privilégient la piste des territoires électroniques, Bloem De Ligny reste suspendue à une culture rock que l'on dirait alors plus tributaire de l'épisode Sugarcubes (auquel un titre comme "Capsule", avec la participation exceptionnelle de Les Claypool, bassiste et chanteur de Primus, fait irrémédiablement penser). Au jeu du mimétisme, sans doute les titres "Amberine" et "Twinky" emportent la palme haut la main. Et "Blue Nix", en ouverture, ne se défend pas mal non plus dans le genre. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls, mais ce sont les titres les plus emblématiques, les plus rassembleurs, les plus convaincants qui feront baisser les armes aux irréductibles qui ne veulent pas croire à la viabilité d'un tel projet qui, depuis, n'a jamais donné de suite. C'est bien dommage, car au delà de ces reproches évidents, le groupe autour de Bloem De Ligny, et l'artiste elle-même, font preuve d'un réel potentiel.