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Alain Bashung › Play blessures

cd • 13 titres • 58:08 min

  • 1C'est Comment Qu'on Freine 3:15
  • 2Scènes de Manager3:47
  • 3Volontaire4:05
  • 4Prise Femelle1:07
  • 5Martine Boude3:44
  • 6Lavabo3:17
  • 7J'Envisage4:35
  • 8J'Croise aux Hébrides4:50
  • 9Junge Männer2:29
  • 10Trompé d'Érection3:16
  • bonus tracks
  • 11Strip Now4:37
  • 12Bistouri Scalpel4:18
  • 13Procession14:48

informations

France, 1982

Cette réédition inclue, comme la précédente, les titres bonus "Strip Now", "Bistouri Scalpel" et la longue plage instrumentale "Procession"

line up

Alain Bashung (chant, guitare), François Delage (basse), Philippe Draï (batterie, boîte à rythmes), Olivier Guindon (guitare), Manfred Kovacic (synthétiseur)

chronique

  • cold wave / chanson française

Après tant d'années de galère, Bashung est parvenu à se faire un nom avec deux chansons rock aussi imparables que bourrées de doubles sens. Le bougre ne va pourtant pas se faciliter la tâche en proposant cet album, "Play Blessures", qui va littéralement le propulser dans la légende, tout en l'écartant du succès public dont la reconquête sera un travail de longue haleine qui, lentement mais sûrement, interviendra bien des années plus tard. Bashung pousse ici le vice de la duplicité à son extrême et à tous les niveaux ; dans ce paysage imaginaire impressionnant où se côtoient textes décalés et musique profondement glauque, nous sommes en effet en droit de nous demander pourquoi il fait cette fois appel à Serge Gainsbourg pour écrire l'intégralité des paroles de cet album atypique, alors que Bergman s'était montré jusqu'ici un fidèle allié, mieux : un parfait alter ego, un frère de plume ? Une recherche de respectabilité ? Cela, au moment même où Bashung se permet un virage à 180°, histoire d'assurer ses arrières en se servant du nom de Gainsbourg comme bouclier si par malheur on venait à le prendre en défaut, en lui reprochant d'aller trop loin ? Quoi qu'il en soit, le pari est gagnant ! Certes, vu sa production dépouillée, on est loin du faste d'un "Fantaisie Militaire". Mais le grain de folie, le malaise, la noirceur de Bashung est palpable, tangible, réelle, dès les premières secondes de ce "Play Blessures", premier volume d'une trilogie obscure et imaginaire qui se poursuivra avec "Novice" en 1989 et "Chatterton" en 1994. Les guitares sont noyées dans un torrent de réverbes, les basses sont rondes, obsédantes et sourdes, un écho glacial et abyssal cimente le tout dans une atmosphère indescriptible, entre Joy Division et Wire. Et Bashung devient Bashung. Asexués et troubles, "C'est Comment qu'on freine", "Scènes de Manager", "Volontaire", "Lavabo", "J'envisage" sont autant de titres que l'on imagine sans peine comme toile de fond à des partouzes sado-masochistes, organisées dans des caves privées humides, éclairées par la lumière blafarde d'une rangée de néons. Trouble.

note       Publiée le samedi 25 janvier 2003

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Ils vont continuer sur Figure Imposée, mais comme le travail de Bashung sur les textes avec Jacquemin, ça ne sera pas aussi frappant qu'ici (sauf sur quelques perles comme What's In a Bird, Elegance, Imbécile). Après ça on retrouve des membres du groupe dispatchés jusqu'à la période Novice, mais c'est seulement sur ces deux albums-là que c'est vraiment une unité Bashung + KGDD (c'est pour ça aussi sans doute que ces deux albums se ressemblent entre eux plus que n'importe quels albums de Bashung).

sergent_BUCK Envoyez un message privé àsergent_BUCK
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Ah oui Ok... Eh bien si on a là une association spontanée de ces musiciens sur un album, voilà d'autant plus de raisons de le chérir ! merci pour ces précisions

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En tant que tels, par grand chose d'autre de notable je pense. A la base ils devaient accompagner Higelin dans une tournée, ils se sont retrouvés avec Bashung au moment de la tournée de Pizza (certains étaient déjà en studio)... J'ai l'impression que c'est l'alchimie d'un moment bien particulier sur cet album (et les directives de Bashung qui voulait tout casser ce qu'il faisait avant), mais ils étaient vraiment constitués en groupe, c'est pas un amalgame de musiciens comme le fera Bashung à partir de Novice (enfin quoique sur Novice y en a pas mal qui au final sont même pas sur l'album il me semble malgré les crédits). Mais bon, tout ça pour dire que leur apport me parait beaucoup plus évident et frappant que celui de Gainsbourg, donc respect au KGDD !

sergent_BUCK Envoyez un message privé àsergent_BUCK
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Tout à fait d'accord, à chaque fois que je mets cet album je suis frappé par le son vraiment tordu de l'instrumentation. Les synthés surtout, que ce soit leur espèce de rale dégueux en intro de 'C'est Comment qu'on freine / Prise Femelle', l'aspect poisseux qui ressort sur 'Scènes de Manager', et puis cette basse limite DAF sur Junge Manner... oui j'entends carrément du Velvet Underground dans la paire 'J'envisage/j'croise aux Hébrides'
Bref, merveilleux travail instrumental. D'ailleurs je ne suis pas familier de ces KGDD, ils ont joué sur quoi d'autre les bougres ?

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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En général au bout d'une phrase et demi à propos de cet album, y a le nom Gainsbourg qui apparait. Mais je me demande un peu quelle est l'importance réelle de cette collaboration en fait, et si le mythe rétrospectif du personnage ne la grossit pas artificiellement. Faut quand même se souvenir ce que c'était Gainsbourg à l'époque : un ex-vieux ringard complètement alcolo qui venait juste d'exploser en faisant du reggea-pop quand même bien pété et qui faisait tourner la boutique en faisant des pubs pour Gini. De plus, il arrive en bout de course sur le projet, y a déjà eu un travail de débroussaillage avec un autre auteur (non crédité et oublié) avant (et il n'a rien à voir avec la musique, enregistrée en amont). Et le résultat final, est-ce qu'on peut y déceler beaucoup de Gainsbourg dedans, honnêtement ? C'est pas un hasard si c'est la seule fois où il a co-signé des textes, Bashung étant un tel vampire avec ses auteurs (avec parfois un manque d'élégance comme peut en témoigner Bergman).

Ce qui est beaucoup plus marquant et important sur cet album en fait, c'est le KGDD. Suffit de prêter l'oreille aux instrumentaux pour se rendre compte que ça joue énormément dans l'ambiance si particulière, singulièrement concassée et bizarre, de cet album. C'est vraiment un travail de groupe qui se base sur des improvisations dirigées par Bashung en studio, le contraire stricto-sensu de la démarche qu'il aura dans les années 90. Les textes certe font beaucoup, mais quelle musique bizzaroïde, qui n'a vraiment pas grand chose à voir avec ce que les jeunes de la scène française produisaient à l'époque (rien à voir avec ces petits branleurs de növö). Faut voir que Bashung a déjà 35 balais, il est de la génération précédente, biberonnée au rockabilly comme Alan Vega, au blues zarbi de Beefheart. C'est vraiment plus étrange que de la chanson/cold-wave à la française (sans les clichés y afférant d'ailleurs), plus tordu et dissonant mais aussi plus recherché, la guitare de Guindon m'évoque parfois un proto-Johnny Marr. Et puis c'est l'anti-Gabi/Vertige (et l'anti-Bergman, avec qui il rompt brutalement), Bashung sortant d'une profonde dépression suite à des succès qu'il a voulu fuir comme la peste. Le grand album de Bashung et du KGDD (avec la participation de Gainsbourg quoi).