Ben Goldberg › Twelve minor

Le New Klezmer Trio est un des fleurons de la série Radical Jewish Culture du label de John Zorn, Tzadik. Aux côtés de Natfule's Dream, Psanim et le brillant David Krakauer, ils font partis de ceux qui ont permi une relecture de la musique jazz aux travers des traditions juives pour se jeter dans une forme de post modernité. Pour cet album sous son propre nom, Ben Goldberg, tête pensante du New Klezmer Trio, requisitionne son batteur attitré, Kenny Wollesen, chose qui ammènera ce dernier à faire équipe avec Trevor Dunn, bassiste entre autres (serais-je tenté de dire) de Mr.Bungle, et qui officie ici, ces deux derniers s'entendant comme cul et chemise, au point de s'essayer ultérieurement dans l'aventure du Trio-Convulsant. Mais revenons à notre disque ; le clarinettiste débarque donc sur l'aile japonaise du label, Avant, pour un "Twelve Minor" à la trouble identité, aux couleurs multiples et à l'intensité toujours sur le fil du rasoir. La dynamique est ostensiblement la même qui guide déjà la destinée du trio. Cependant, Goldberg pousse ici le raffinement jusqu'à se mettre en scène dans des dialogues de toute beauté avec un autre saxophoniste (Rob Sudduth) dans des essais free jazz du plus bel effet (comme sur le très Colemanien "Half Silence"), une violoniste, en la personne de Carla Kihlstedt (du Tin Hat Trio), ou même l'exotique et fascinant koto de l'inégalable Miya Masaoka qui fait mieux que de ne pas tomber comme un cheveu dans la soupe ; il est incontestablement un des ingrédients majeurs qui donne à ce disque toute sa personnalité, quelque part entre les ambiances surréalistes d'Alice Coltrane, les idéaux universels du Very Circus d'Henry Threadgill et les impossibles mirages de Rabih Abou-Khalil. Les racines klezmer sont perceptibles au détour de quelques titres, pas plus de trois, ne s'accaparant en rien l'esthétique générale de l'album qui s'apprécie à sa juste valeur. Comme un superbe disque de jazz moderne.