Circle › Pori

Toute la carrière de Circle ne semble être mûe que par une simple volonté : surprendre. Pari gagné avec ce "Pori" qui démarre de manière on ne peut plus déstabilisante avec "Perustamisasiakirja 8-3-1558" (oui, j'ai réussi à retranscrire ce titre !), une pièce contemporaine de moins de quatre minutes, interprété par un ensemble de cordes que l'on dirait sorti tout droit d'un album de la collection classique de l'ami Sheer Khan. Introduction en porte-à-faux bien entendu, puisque le groupe reprend les commandes dès le second titre dans ce style qui lui est propre, soit une longue construction aux variantes subtiles sur des rythmiques aussi bien entêtantes que versatiles. Cela n'empêchera pas le groupe de s'effacer de nouveau pour un intermède impromptu de chants grégoriens sur "Seisomakatsomo", histoire de continuer à perpetuellement brouiller les pistes, ou, en tout cas, faire en sorte que le groupe et sa musique restent définitivement insaisissable, indéfinissable. Dans les grandes lignes, Circle est le géniteur d'une musique hypnotique, héritière des groupes de space rock des années soixante-dix, avec un propos (ré)actualisé et qui prend à parti toutes les nouvelles technologies, ainsi que les multiples nouvelles perspectives musicales qui se sont offertes à nous depuis, suite à l'émergence d'une multitudes de courants aussi intéressants les uns que les autres. Une pointe jazz par ici (le saxophone sur le kilométrique "Porin Jazz Juhlat - 65", du dégraissage guitaristique sur "Back to Pori" ou "Promenaadikeskus", des touches techno-indus sur le menaçant "Karhun Hansaa", Circle ne recule devant rien pour perturber l'auditeur et jouer la carte de la diversité. Si "Pori" est un bon album qui suscite, comme beaucoup de leurs disques, un sentiment singulier d'étrangeté, on regrettera que sa production manque un tant soit peu de caractère.