Stina Nordenstam › People are strange

Les exercices de reprises se font rares. Surtout dans le cadre d'un album complet voué tout entier à cette entreprise. Bien que je ne sois ni friand du genre, ni complètement satisfait du résultat qui nous est proposé et que je vous commente ici, il faut bien admettre que la petite Stina a réussi à s'accaparer véritablement le répertoire qu'elle revisite, le transformant à sa guise, le malmenant au point de le défigurer complètement. Elle est une interprète de grand talent qui parvient à donner son empreinte à tout ce qu'elle touche. Parmi les victimes de ce traîtement, on compte Leonard Cohen, Tim Hardin, les Doors, mais aussi Prince, pour une relecture proprement sidérante de son inoubliable "Purple Rain". Musique neurasthénique, déprimée et dérangée bien dans l'air du temps, "People Are Strange" conserve l'approche plus rude qu'elle avait déjà abordée sur son controversée "Dynamite", mettant toutefois nettement moins l'accent sur les guitares, beaucoup de titres ayant été d'ailleurs été enregistrés dans des conditions drastiquement épurées (piano, voix et enregistreur à cassette) pour ne retenir que l'émotion fébrile qu'elle traduit à la perfection. Les gens sont étranges. Ce disque aussi.